Libre-échange de mauvais procédés
La prestation suivie des hérauts de la droite et du centre candidats à la candidature a rajouté au mauvais pressentiment. Que ce soit l’un ou que ce soit l’autre qui coule la Marine, on est mal barrés ! La seule tête fraîche s’avère être un réac pur jus, issu de la branche ultra catho de la droite française, soutien affiché de Donald Trump, c’est dire. Le premier tour de la présidentielle serait donc celui-ci et deux euros ne serait pas cher payé pour sabrer Sarkozy. Ce serait faire fi de la signature à devoir apposer sur cet innocent petit texte : « Je partage les valeurs républicaines de la droite et du centre et je m’engage pour l’alternance afin de réussir le redressement de la France. » A vos marques, prêts, partez. Au moins, il y aura vote. Celui-ci a failli ne pas avoir lieu quant à l’adoption du Traité de libre-échange Canada-Union européenne. La Commission voulait faire passer le texte en douce. Sous la gentille pression de l’Allemagne et de la France, il a été décidé de faire ratifier le texte par tous les parlements nationaux des 28.
Le CETA supprime nombre de droits de douane, engage une libéralisation du commerce des services, un nivellement des normes forcément par le bas, et cerise sur le gâteau, une clause d’arbitrage « investisseurs contre Etat ». Le pays qui introduirait une norme environnementale contre un fabricant de pesticide par exemple pourrait se voir demander de dédommager sur fonds publics le pauvre actionnaire empêché de tourner en ronds. Avec les seuls Canadiens, le risque s’avèrerait a priori faible. Sauf que la proximité géographique et culturelle avec les Etats-Unis fait du CETA la grande porte d’entrée vers l’Europe. Le TAFTA est mort, vive le CETA ! Il existe déjà un accord de libre échange entre le Canada et les Etats-Unis. Juridiquement, un tel traité Canada–UE revient à faire exister un accord de libre échange USA-UE, via l’ouverture d’une boutique au Québec. Seule la Belgique francophone s’est réellement mobilisée et pourrait faire dérailler la machine bien huilée du ni vu ni connu, je t’embrouille. Année après année, les Européens ne cessent de déplorer le mépris des institutions du continent à leur égard. Jusqu’à la fin ?
Victor Léo