Du beau monde

« Ecouter, se former, s’épanouir, partager. » Voilà un slogan bien prometteur pour l’Institut International des Musiques du Monde (IIMM), qui sera inauguré le 4 novembre. Pour mieux comprendre les origines et les enjeux de cette aventure multiculturelle et transdisciplinaire, il fallait bien interroger sa directrice artistique, Margaret Piu-Dechenaux.

L’origine de ce projet n’est pas récente : lors de ses fonctions de Déléguée musique et Directrice au sein de l’association ECUME, Margaret a été en charge pendant plus de douze ans de l’animation d’un réseau d’établissements d’enseignement artistique supérieur. L’objectif était de faire découvrir et confronter les méthodes pédagogiques de chaque structure, et de mettre en lumière la diversité des disciplines et des répertoires enseignés. Il se trouve que la plupart offrent à leurs élèves un double cursus musical diplômant (musique classique occidentale et musique de tradition savante du pays), ce qui favorise « la découverte et l’appréhension pour mieux construire un vivre ensemble via l’ouverture vers d’autres expressions musicales savantes. »

Ce fut alors une évidence : créer un Institut où l’on puisse enfin mettre à l’honneur les musiques de tradition savante au même titre que la musique classique occidentale l’est à l’étranger. Restait alors à mettre en œuvre le projet à l’aide d’échanges intenses avec des artistes/pédagogues, des représentants d’établissements d’enseignement artistique supérieur français et étrangers, des musicologues, des ethnomusicologues et des acteurs culturels spécialisés dans les musiques du monde. Avec un business plan rédigé et l’obtention de soutiens financiers, il ne manquait plus qu’un lieu d’accueil. La ville d’Aubagne, qui souhaite devenir le troisième pôle universitaire après Marseille et Aix-en-Provence, a donc répondu à cette sollicitation.

L’IIMM ambitionne d’appliquer des méthodes pédagogiques en provenance des musiques sur lesquelles portent les formations, et non de faire entrer ces dernières dans un moule unique. Cela consiste, en particulier, à donner une place privilégiée à la parole et au son. La transmission des musiques de tradition savante du monde se fait essentiellement oralement. « C’est ici que la notion de maître à disciple prend toute son ampleur. Le maître est détenteur d’une tradition vocale et/ou musicale ancestrale qu’il transmet dans un langage sans cesse renouvelé sur des principes mnémotechniques bien spécifiques. » Même si des supports écrits existent, et que la théorie est toujours présente, « nos oreilles doivent être déstructurées pour s’adapter à des sonorités imperceptibles, des schémas rythmiques complexes, et l’improvisation doit s’apprendre… »

Dès le mois d’octobre 2015, master-classes et concerts de musiques traditionnelles locales (provençales, corses, bretonnes) ou issues de pays étrangers (Espagne, Tunisie, Bulgarie, Grèce, Inde et Chine, notamment) se sont ainsi succédé jusqu’à l’été 2016. Ces formations et représentations ont permis de structurer et tester les futurs cursus d’enseignement de l’IIMM. Et comme le monde est vaste, d’autres cultures s’ajouteront encore.

En attendant, le projet continue de grandir entre partenariats (départements de musique et du SATIS d’Aix-Marseille Université, Cité de la Musique à Marseille, Festival International du Film d’Aubagne, Fédération des Associations des Musiques et Danses Traditionnelles, et bientôt, peut-être, la Stanford University), nouvelles master-classes (musiques et chants du Brésil avec Claire Nuzi et Cristiano Nascimento) et concerts : les chants populaires méditerranéens de la compagnie Rassegna sont déjà annoncés pour 2017.

Guillaume Arias

L’Institut International des Musiques du Monde : 7 Boulevard Lakanal, Aubagne.

Inauguration le 4/11 au Théâtre Comœdia (Aubagne).
Rens. : https://iimm.fr/

https://www.youtube.com/channel/UCUtXBSjy75GGyEajgS_MTaw/videos