Droit aux débuts

A partir du 28 février, le festival La Première Fois propose de découvrir la jeune production documentaire, sous le parrainage de la cinéaste Claire Simon.

Il eut été aisé de présenter le festival La Première Fois en glissant subrepticement les termes « dépucelage », « hymen percé » ou en évoquant Jeanne Mas afin d’agrémenter ce papier d’un humour de haute volée, provoquant ainsi les ricanements complices des disciples de Jean-Marie Bigard. Mais cette tentation étant désormais derrière nous, nous pouvons nous pencher plus avant sur la huitième édition que l’association Les films du Gabian nous a concoctée pour cette saison 2017.
Consacré aux premières réalisations documentaires de jeunes cinéastes venus des quatre coins du globe, le festival propose cette année une vingtaine de longs, courts et moyens métrages, et autant de rencontres autour de cinq journées denses en projections. Alors que la frontière entre cinéma documentaire, fiction et expérimental, a tendance à s’effacer de plus en plus, La Première Fois propose d’expérimenter une recherche formelle, mêlant parfois les genres, brouillant les cartes afin que s’épanouisse avec pertinence une véritable réflexion sur la geste cinématographique, sa capacité à produire du sens et à faire émerger le réel par-delà les catégorisations classiques. Sous l’égide de la cinéaste Claire Simon, dont l’alléchant dernier film, Le Concours, plonge au cœur de la sélection d’entrée au concours de la prestigieuse Femis, le festival offre une programmation bigarrée, mêlant valeurs sûres et curiosité plutôt séduisante. Du côté des valeurs sûres, l’électrique Swagger d’Olivier Babinet, rencontre inattendue avec les rêves et les espoirs d’une poignées d’adolescents du 93 rythmée comme une comédie musicale, dans une mise en image léchée à la Paul Thomas Anderson. Ou Le Bois dont les rêves sont faits de Claire Simon, balade curieuse de deux heures et demie dans un bois de Vincennes peuplé d’une faune poétique méconnue, à l’endroit où Gilles Deleuze avait l’habitude de dispenser ses cours. Problématique centrale des réflexions contemporaines que le cinéma documentaire ne cesse d’explorer ces dernières années, les migrations de populations seront abordées par le biais de Remember your name, Babylon de Bram Van Cauwenberghe et Marie Brumagne et Les Sauteurs de Abou Bakar Sidibé, Moritz Siebert, et Estephan Wagner. Côté curiosité, notons une carte blanche à Primitivi, télévision libre et séditieuse qui documente le Marseille alternatif depuis bientôt vingt ans. Principalement à l’École d’Art d’Aix et au Vidéodrome, le festival permettra encore cette année de rencontrer tous les cinéastes présentés.

Daniel Ouannou

Festival La Première Fois : du 28/02 au 4/03 à Marseille et Aix-en-Provence.
Rens. : 06 48 08 52 87 / www.festival-lapremierefois.org

Le programme complet du festival La Première Fois ici