Ahuris chaque jour devant la cupidité insondable de M. Fillon, nos yeux ne se détournent plus de la cible. À juste titre. Cependant, le débat présidentiel se trouve appauvri par un effet occultant « pour ou contre la corruption ». Essentielle, cette question ne peut demeurer centrale. L’ONG Oxfam a mis à jour ce qui représente le plus grand détournement de fonds publics organisé par la bande des vingt plus grandes banques européennes. Un euro sur quatre de leurs bénéfices atterrit dans les paradis fiscaux. Sans qu’aucun impôt ne soit collecté où leurs affaires se passent. Les banques européennes ont réussi l’exploit de réaliser 628 millions d’euros de bénéfices dans des paradis fiscaux où elles n’emploient personne ! L’évasion fiscale pourrait mobiliser les polices européennes partout sur le continent. Laissez tomber les voleurs de poules. Les braqueurs de la bijouterie Cartier à Monaco sont des petits joueurs. Les cadors tondent des milliards sur la tête des États. Libre circulation des capitaux, ça s’appelle. D’un clic d’un expert comptable, les bénéfices sont transférés au Luxembourg où on a négocié le yaourt à 0 % quand c’est plein de retenues grasses des Trésors publics à 30 % chez les autres. Eux ne veulent pas maigrir ! Ils préfèrent le réserver aux Grecs, ça ! Ils ont l’habitude. La cure d’austérité pourrait se changer en grande bouffe. On aimerait se voir invités à table.
Victor Léo