Notre Dallas présentée au Théâtre du Gyptis
Notre univers (im)pitoyable
Dans Notre Dallas, jouée au théâtre du Gyptis, Charles-Eric Petit revisite de manière originale la série culte. Et pas seulement pour nous rappeler l’issue du combat entre Bobby Ewing et Jean-René dit JR.
Quelle drôle d’idée que de mettre en scène Dallas aujourd’hui ! Pourquoi un tel projet ? Parce que la pièce s’interroge sur la fonction du feuilleton dans la culture de masse ; et c’est tombé sur Dallas. Parce que Dallas est un phénomène social, un objet télévisuel considérable attaché à des références collectives. Parce que Dallas est une épopée familiale, nourrie de tensions internes et de la rivalité entre deux frères. Parce que Dallas est une fenêtre sur notre monde, un miroir pour chacun, une manière de s’identifier à des modèles. Parce que Dallas est une grande fresque tragique, désuète dans la forme, toujours d’actualité dans le fond.
Justement, au fond de la scène, quand le rideau se lève, on découvre un groupe de musiciens qui va jouer en direct. Rapidement, on s’aperçoit qu’ils sont aussi comédiens. Les instruments sont les principaux éléments du décor. On vient pour du théâtre et on nous propose un concert, ou bien les deux. D’ailleurs les deux se mêlent intimement, dans une succession de saynètes offrant une occupation très mobile de l’espace, entrecoupées de chansons puisant dans toutes les gammes du répertoire US et émises par Radio Dallas 88.8 ; manière de nous présenter en deux heures les 357 épisodes de la série. Radio Dallas, c’est aussi une vraie radio, un confessionnal, un conseiller conjugal, à qui chacun confie ses péchés, ses complots, ses mensonges, son désespoir, ses secrets. Finalement, Notre Dallas, c’est une belle plume au service d’un projet original, des comédiens énergiques et multi-tâches, des chansons live, des changements de rythme et d’ambiance incessants, bref les ingrédients d’une bonne recette pour devenir une pièce culte.
Texte : Yves Bouyx
Photo : C.Meroni _ Ey3
Notre Dallas était présentée du 20 au 24/01 au Théâtre du Gyptis.