My GGGeneration présenté à La Penne sur Huveaune
Rock’n’Roll High School
Le rock’n’roll pour tous en à peine plus d’une heure ? Avec la compagnie L’Atelier du Possible, c’est comme à la SNCF : c’est possible ! Enfin presque.
L’histoire, on la connaît. Ce n’est pas forcément le cas de tout le monde, et les quelque trois cents personnes qui blindèrent en début de mois la première de My GGGeneration (prononcez comme les Who) en témoignent : des gosses, des jeunes, du quadra, du quinqua, tous réunis pour un bon spectacle des familles. En l’occurrence, une création de l’Atelier du Possible, compagnie théâtrale du pays d’Aix qui utilise ici d’autres langages — le concert et le documentaire — pour aborder l’un des médiums artistiques les plus… populaires qui soient : le rock’n’roll. Très logiquement, Bernard Colmet, metteur en scène, a circonscrit son propos sur les vingt premières années, déterminantes : de la naissance du « dangereux » phénomène en 1954 jusqu’à la fin des idéaux et sa récupération par le système, en passant par la fièvre qui s’empara des baby-boomers, au sens figuré du terme (tout est à inventer), mais aussi au sens propre (trop de drogues). Alors, puisque nous avons la prétention fort à propos de connaître (ceci n’est pas affaire de « génération ») et que le punk n’a donc rien à voir là-dedans, soyons constructifs. Le principal écueil d’une telle entreprise était difficilement contournable : une compagnie de théâtre qui s’attaque au rock en faisant dire des textes d’auteur par des musiciens, c’est un peu, puisque on en parle ici, une utopie. Le rock’n’roll est l’expression d’une urgence, d’un besoin viscéral et adolescent de faire — et non pas une simple envie de dire, en enfilant de surcroît les clichés comme d’autres les groupies en leur temps. Côté textes, donc, c’est pas vraiment gonzo, et si la forme peut encore évoluer (les cinq musiciens ont toute l’année pour ça), le fond pêche trop souvent par sa nostalgie brodée main — on n’a pas tous les jours soixante ans, c’est vrai. Côté musique, par contre, Bernard Colmet a réussi son pari : faire en sorte que des musiciens, que rien ne prédisposait à jouer ensemble (ils viennent d’horizons très divers), puissent retranscrire assez fidèlement le son d’une époque. C’est d’ailleurs la grande surprise de My GGGeneration : ces cinq-là jouent ensemble, juste, s’adaptent aux standards qu’ils revisitent ou détournent (les idoles se toisent parfois au sein d’un même morceau) et s’avèrent impeccables en matière d’harmonies vocales. Dès lors, que l’ensemble manque un peu de consistance visuelle (malgré ou à cause des projections) et qu’il prenne quelques menues libertés avec l’Histoire parce qu’il faut bien la faire tenir en une heure (le rock’n’roll n’a jamais accompagné l’émancipation des Afro-Américains) s’avère tout à fait anecdotique : les considérations de la critique n’ont jamais empêché le rock de divertir les masses, ni d’occulter la dimension pédagogique de ce type de spectacle à voir ensemble, et donc, toutes générations confondues.
Texte : PLX
Photo : Bruno VION
My GGGeneration était présenté le 6/02 à la salle de spectacle de La Penne sur Huveaune, et entame sa tournée 2009 dans les proches environs (voir L’agenda).
Rens. www.atelierdupossible.fr