Pas bienvenu chez les Ch’tis
Passé du PS rose bleu à l’UMP bleu blanc rouge, Eric Besson n’aura pas tardé à enfiler l’uniforme du ministre de l’immigration et de l’identité nationale. Un simple film est à l’origine de sa réaction opportuniste. Début mars, le réalisateur du film Welcome, Philippe Lioret, était à Calais pour présenter son film aux habitants concernés par le sort des milliers de migrants de passage dans leur ville, en transit pour l’Angleterre. Son sujet : un jeune Kurde irakien imagine le projet désespéré de traverser la Manche à la nage pour retrouver sa belle dans un pays plus accueillant. Vincent Lindon campe un maître nageur qui apporte une aide bienvenue à ce sans-papiers. Cela lui vaudra les foudres de la loi française qui punit ce genre de dangereux personnage de cinq ans de prison. Dans une interview à La Voix du Nord, le réalisateur décrit son sentiment face à ce fait pas si divers : « Ça m’a tellement scié de voir ça. De voir qu’un brave mec, d’un seul coup, se retrouve mis en examen, et qu’il peut aller en taule. C’est dingue. J’ai l’impression qu’on est en 1943 et qu’on a planqué un juif dans la cave. » C’est là que le ministre s’emballe : « Il a plus que franchi la ligne jaune. Suggérer que la police française c’est la police de Vichy, que les Afghans sont traqués, qu’ils sont l’objet de rafles, etc., c’est insupportable. » Pourtant, il y a deux semaines à Marseille, la réalité rencontrait la fiction. La communauté d’Emmaüs de la Pointe rouge voyait débarquer les forces de l’ordre pour arrêter un protégé de l’Abbé Pierre et placer en garde-à-vue le responsable de l’association, coupable à leurs yeux du délit « d’aide au séjour irrégulier ». Un collectif courageux s’est monté qui fait circuler une pétition : « Nous, soussignés, reconnaissons avoir nous-mêmes privilégié l’accueil et le secours de personnes, fragilisées ou démunies, rencontrées à l’occasion de notre engagement professionnel, associatif ou militant, sans nous préoccuper au préalable de leur situation au regard de la loi. » Besson, dans un mauvais remake, nous joue la France responsable. Lioret et ses personnages nous la montrent telle qu’elle est : indéfendable.
Victor Léo
Pour être le 12753e à signer la pétition :
http://placeauxdroits.net/petition2/?petition=16