Tree sélectif
A l’occasion de la sortie de son dernier album intitulé Clockwork, nous sommes allés à la rencontre du producteur marseillais Alif Tree. Musique, images, gastronomie : avec Alif, on fait le plein des sens.
Au pays de l’électronique bien pensante, Alif Tree fait tache, et c’est tant mieux. Un caractère bien trempé, une voix qui n’a pas peur de s’affirmer quitte à secouer le cocotier culturel local, Alif a débarqué à Marseille en 2000 avec ses tatouages et une solide expérience musicale.
Derrière les sombres et abstraites constructions rythmiques de son album Spaced (2001), on percevait son goût pour les ambiances cinématographiques, quelque part entre le film noir, la Nouvelle Vague et la science-fiction. « Je ne suis pas un intellectuel. Le cinéma, je l’aime quand il est bon, quand l’histoire est suffisamment sérieuse pour qu’on rentre dedans. » D’ailleurs, lorsqu’il animait son émission hebdomadaire — Le meilleur des mondes — sur Radio Grenouille, ce n’était plus de radio, mais du cinéma sans l’image. Si l’on retrouve sur son nouveau disque le même savoir-faire, Clockwork semble être un album instrumentalement moins homogène et commercialement plus accessible, affirmant « cette volonté de retrouver [ses] racines, de sonner plus pop. En fait ce disque est à la fois plus large et plus personnel. » Pour cerner la musique d’Alif Tree, il faudrait en fait creuser le sillon pop, passer par le rock et revenir à la source, au blues. C’est peut-être pour cela que l’album a été enregistré à Nashville — la classe ! — et que certains titres, comme celui chanté par Tony Joe White, fleurent bon les notes poussiéreuses du grand sud américain. L’autre passion d’Alif, c’est la cuisine (1). Lui qui affirme sans détours « Quand je compose, j’essaie de bien manger. Je n’envisage pas l’un sans l’autre » a dû faire preuve d’une belle ténacité lors de l’enregistrement du disque. « A Nashville, si je n’avais rien dit, on aurait mangé de la pizza midi et soir ! Si ça avait été le cas, je ne sais pas quelle musique j’aurais enregistrée, peut-être du métal ou autre chose, va savoir… » On n’avait jamais perçu le bouche-à-oreille sous cet angle.
nas/im
Dans les bacs : Clockworks (Compost)
Notes- Son précédent album s’intitulait French Cuisine (Compost) et il joue souvent sous le pseudo Dj & Cook. [↩]