Ubu au Badaboum Théâtre
Uburlesque
Comme à son habitude, le Badaboum s’attaque — avec brio — à un classique, faisant du Ubu d’Alfred Jarry un moment jubilatoire, autant pour les petits que pour les grands.
Une question se pose d’emblée : comment expliquer aux enfants qu’il s’agit d’une histoire d’assassinat et de prise de pouvoir (totalitaire) dans un monde où tous les personnages sont sournois et lâches, voire bêtes et méchants ? Car Ubu est loin d’être un personnage héroïque, bien au contraire, et son entreprise s’avère plutôt douteuse : tuer le roi de Pologne et s’enrichir par tous les moyens. Sans compter sa femme mère, perfide et cruelle… Le couple est donc prêt à tout pour parvenir à ses fins. Son complice, le Prince de Bougrelas, joué par un troisième acteur (qui campera d’ailleurs tous les autres personnages), n’est pas en reste pour les aider dans cette aventure.
Le trio nous amène dans une aventure burlesque, dans laquelle le premier mot prononcé par Ubu (« merdre ») positionne d’emblée le personnage du côté du ridicule et du comique — les enfants (plutôt les 4/5 ans que les 8/10) rient à gorge déployée. Car le propos importe peu ici ; les cris, les sonorités, les coups et les bruits vont rapidement prendre le dessus pour donner un certain rythme à la pièce ; les acteurs jouent, tapent, crient, font du bruit, se courent après, font la guerre, s’enfuient, se font attaquer par un ours. Le tout dans un esprit de drôlerie et de bouffonnerie, et dans une joie communicative non dissimulée pendant cinquante minutes. Leur périple se terminera en bateau, en France, et en chanson, faisant jubiler tous les spectateurs, petits comme grands. Grâce à quelques perruques et quelques accessoires simples (deux couronnes, deux tabourets, un balai, un marteau), les acteurs, très convaincants, nous entrainent du début à la fin dans un voyage comique. Mention spéciale à Marianne Fontaine, la mère Ubu, hautement burlesque. Les enfants sont conquis par cet esprit de liberté, en voyant au-delà du drame qui se joue sous leurs yeux.
Ils n’ont pas besoin de tout saisir pour être emportés par le rythme et la mise en scène, joyeuse… Quant aux grands, ils trouvent là une parfaite définition du mot « ubuesque ».
Cécile Mathieu
Ubu : jusqu’au 29/12 au Badaboum Théâtre (16 Quai de Rive-Neuve, 7e).
Rens. : 04 91 54 40 71 / www.badaboum-theatre.com