Ponyo sur la falaise – Animation (Japon – 1h41) d’Hayao Miyazaki
La vie aquatique
Après une tentative ratée de passer le relais à son fils (Les Contes de Terremer), Miyazaki revient aux affaires et ça se voit. Non pas que Ponyo sur la falaise soit un chef d’œuvre absolu (il ne souffre pas la comparaison avec Chihiro ou Le Château ambulant), mais ce joli conte opère un retour aux fondamentaux qui ont fait la réputation de son créateur et des Studios Ghibli. Résultat : on remarque d’emblée, très clairement, le soin (ré)apporté tant au scénario, à l’imagination — quasi magique par moments — qu’à l’animation. Et même si cette dernière reste ancrée dans un style proche de celui employé dans les années 80 au Japon, elle procure, par sa simplicité et sa chaleur, une réelle et belle ivresse des sens. En effet, le souci de l’harmonie et du mouvement occupant de nouveau une place prépondérante, chaque premier plan mobile entraîne un arrière-plan mouvant. Les personnages déambulent donc dans un environnement construit d’une multitude de petits détails (oiseaux, vent dans les arbres, vagues…), qui renforcent à chaque instant l’émerveillement né de ce spectacle. Les couleurs, elles aussi, donnent de l’âme à ce Ponyo, lui conférant une atmosphère cotonneuse et rassurante, et nous ramenant, le temps d’un instant, à notre enfance. Sans oublier ses préoccupations écologiques, Miyazaki signe ici un film tout en ruptures. En roue libre, le réalisateur ne se contente pas d’une narration linéaire, par trop commune, alternant entre fantastique, réalisme et onirisme avec une rare fluidité. De fait, Ponyo n’a pas d’équivalent ni chez Ghibli ni ailleurs. Et l’on ne peut que s’en réjouir.
Lionel Vicari