Un printemps en pente douce
Qu’entendons-nous du printemps ? Vraisemblablement de moins en moins de gazouillis et de cricri, les oiseaux et les insectes disparaissant vertigineusement de la nature environnante. La cause en serait le modèle économique de l’agriculture intensive, usant la terre et les plantes à coups d’insecticides contre des récoltes bien grasses. Dans le même temps, certaines bêtes féroces font du ravage un trop-plein. Le journal Le Monde de barrer sa une du 9 mars avec un chiffre aux interminables zéros. 93 milliards de profits du CAC40 en 2017. Les fortunes de leurs propriétaires se voient parfois doubler, comme François Pinault de 15 à 27 milliards d’euros, la palme pour le (merci) patron Bernard Arnault, accroissant de 41 à 72 milliards d’euros son patrimoine en une seule année de 365 jours. La boîte du premier, Kering, regroupant les marques Gucci, Yves Saint Laurent ou Puma, a usé jusqu’à la corde des procédés d’évasion fiscale pendant des années : 2,5 milliards d’euros d’impôts fraudés depuis 2002, d’après une enquête de Mediapart. Les pigeons des villes attendent la fin de l’hiver. Au détour d’un weekend, à la lueur d’un rayon de soleil, le présent paraît moins sombre. Il y a cinquante ans, le printemps français a vu rouge et menacé d’explosion. Qu’entendrons-nous du printemps ?
Victor Léo