Lettres de Marseille au cher pays de mon enfance d’Alain Barlatier

Printemps du Film Engagé 2018

Causes, toujours

 

Du 6 au 14 avril, le Printemps du Film Engagé, parrainé par le cinéaste Claude Hirsch, investit divers lieux de la cité phocéenne, et propose une programmation plurielle autour des luttes pour les causes visant à plus de justice sociale. Petit tour d’horizon de la manifestation.

 

Il est difficile, et finalement peu intéressant, d’établir une sémantique pour un pan de la production cinématographique ou audiovisuelle de plus en plus présent sur nos écrans, et qui se fait le reflet des luttes secouant la planète : parle-t-on d’un cinéma engagé — tout acte créatif peut alors en faire partie —, d’un cinéma militant, d’un cinéma guérilla ? L’essentiel est de retenir l’idée que ces nombreux opus offrent un contrechamp social que censure depuis longtemps la télévision, une écriture et une réflexion encore trop absentes d’internet, une représentation nouvelle qui transforme notre rapport au réel et témoigne de mouvements opposés aux désastres du tout marchand et à cette guerre menée contre les peuples par l’oligarchie ultra-capitaliste. La salle de cinéma (re)devient alors cette agora où la parole collective, à la suite de projections, est réappropriée par le spectateur-témoin. Le Printemps du Film Engagé s’inscrit sans conteste dans cette dynamique : nous offrir, en nous en emparant, de nombreux regards sur les causes qu’ont fait siennes les peuples ou citoyen.ne.s dans l’espoir d’un monde plus juste, plus équitable, ouvert à l’autre. Pour paraphraser le cinéaste Yannis Youlountas, je lutte, donc je suis. Du 6 au 14 avril, huit films seront ainsi diffusés, suivis d’échanges avec de nombreux invité.e.s, dans l’espoir de donner cet écho aux combats que nous avons tou.te.s à mener, sans jamais baisser la garde. La manifestation s’ouvre avec l’opus de Moritz Siebert et Estephan Wagner, Les Sauteurs, inédit à Marseille, dans lequel Abou Bakar Sidibé, migrant malien — le filmeur et le filmé —, témoigne de sa vie quotidienne dans un camp marocain surplombant Melilla. Suivront les très beaux Lettres de Marseille au cher pays de mon enfance d’Alain Barlatier et Bla Cinéma de Lamine Ammar-Khodja — ce dernier proposant une réflexion sur le cinéma, aujourd’hui, en Algérie. Mais également le classique À bientôt, j’espère de Chris Marker (le cinquantième anniversaire de Mai 68 reste une occasion importante de nous interroger sur le sens des luttes), Demain l’usine de Clara Teper, plongée avec les Fralib au cœur de la coopérative ouvrière Scop-Ti, Les Pieds sur terre de Batiste Combret et Bertrand Hagenmüller, sur les luttes qui ont secoué Notre-Dame-des-Landes ou enfin le sublime Terre de roses de Zaynë Akyol.

Emmanuel Vigne

 

Printemps du Film Engagé : du 6 au 14/04 à Marseille.
Rens. : 06 63 57 07 72 / www.facebook.com/printempsdufilmengage/

Le programme complet du Printemps du Film Engagé ici