A vote bon cœur !
Le plus énervant, en pensant aux élections européennes de dimanche, n’est pas de savoir pour qui voter — chacun cherche son chat — mais pourquoi. En théorie, 72 députés français à envoyer à Strasbourg. En pratique, c’est le brouillard complet. On connaît nos députés à l’Assemblée nationale, qui blaguent, qui crient ou qui dorment entre deux votes ou deux questions au gouvernement. On connaît leur propension grégaire à ne pas aller contre les intérêts de leur camp plutôt qu’à penser aux nôtres. Mais quid des députés européens ? Vu de loin, de sombres inconnus ou de vieilles gloires en fin de vie qui désertent leurs sièges à la première occase. Pourtant, les parlementaires européens nous ont donné récemment la preuve de leur poids en contrant les velléités cyber sécuritaires du gouvernement français avec la loi Hadopi. Par leurs origines diverses et le peu de pression de leurs opinions publiques, ils n’hésitent pas à jouer le jeu institutionnel du contre-pouvoir face à l’omnipotente Commission et aux chefs de gouvernement européens réunis au sein du Conseil. Parmi ces trois centres de décision, l’élection directe du Parlement devrait orienter les politiques de l’Union européenne. C’est là que le bât blesse. La forte représentation des partis de centre droit et de centre gauche ne pousse qu’au compromis. Autant dire, pas de politique du tout. Une voie tracée par le Traité institutionnel et ses libres circulations des marchandises (faut quand même doubler les camions sur l’autoroute), des personnes (si l’on enlève les portiques de sécurité, les contrôles d’identité au faciès et les centres de rétention), et des capitaux (paradis fiscaux et subprimes for ever). Reconnaissons-le, la concurrence des idées reste faussée. Votez ?
Victor Léo