Festival du premier film francophone
Naissance d’une passion
Pour sa trente-sixième édition, le Festival du Premier Film Francophone met l’accent sur la jeune création de ces deux dernières années, en présence d’une pléiade d’invité.e.s.
L’Eden-Théâtre vient nous rappeler que ce qui fit sens, dans une historiographie cinématographique, est bel et bien l’existence du dispositif appelé salle de cinéma. Comme le rappelait Raymond Bellour, critique et théoricien de l’image en mouvement, « la projection vécue d’un film en salle, dans le noir, le temps prescrit d’une séance plus ou moins collective, est devenue et reste la condition d’une expérience unique de perception et de mémoire, définissant son spectateur et que toute situation autre de vision altère plus ou moins. Et cela seul vaut d’être appelé “cinéma”. » La naissance de l’Eden se fondant à celle du cinématographe — les Lumière y organisèrent à l’automne 1895 la première séance privée, quelques mois avant la séance publique du Grand Café —, cet art nouveau du mouvement et du temps est donc indissociable de son propre dispositif, dont l’Eden-théâtre reste, mondialement, la plus ancienne preuve vivante. Ce qui ne l’empêche nullement de continuer à faire exister la grande marche du cinématographe, à l’instar du Festival du Premier Film Francophone, qui met en lumière depuis 1983 la jeune création hexagonale, belge ou québecquoise. Pour cette trente-sixième édition, dix longs et dix courts-métrages de 2017 et 2018 se partageront l’affiche, en présence de nombreux.ses invité.e.s. À commencer par l’actrice Laëtitia Clément, renversante dans le premier opus d’Elsa Diringer, Luna, ou Dominique Rocher, qui a réussi la performance, dans son premier long côtoyant le fantastique, La Nuit a dévoré le monde, de réunir d’éminent.e.s interprètes, de Golshifteh Farahani à Denis Lavant. Citons par ailleurs la présence, lors de la manifestation, de Marie Gillain pour son court Timing, Robin Sykes pour La Finale, Walid Mattar pour le très réussi Vent du Nord, ou la réalisatrice Sou Abadi, à l’occasion de la projection de son premier film, Cherchez la femme. Outre les trois avant-premières proposées — dont Joueurs de Marie Monge, sélectionné cette année à la Quinzaine des Réalisateurs — l’occasion nous sera donnée, sous formes de séances de rattrapage, de (re)découvrir une poignée d’opus récemment sortis en salles, de Les Étoiles restantes de Loïc Paillard à La Fête est finie de Marie Garel-Weiss ou Tueurs de François Troukens et Jean-François Hensgens. Une programmation certes classique, mais qui, à l’instar de Premiers Plans à Angers, vient rappeler le dynamisme cinématographique francophone, toujours renouvelé.
Emmanuel Vigne
Festival du premier film francophone : du 30/05 au 2/06 à l’Eden Théâtre (La Ciotat).
Rens. : 04 88 42 17 60 / www.berceau-cinema.com/
Le programme complet du Festival du premier film francophone ici