Zones Portuaires 2018
Un film dans chaque port
La septième édition de Zones Portuaires, particulièrement dense, invite au voyage au sein des ports du globe : entre Marseille et Port-de-Bouc, près d’une trentaine de soirées spéciales traverseront la ville portuaire, sous divers angles artistiques.
Pour qui a traversé les ports de Gênes, Valparaiso, Hambourg, Port-de-Bouc et bien évidemment Marseille, s’impose de facto l’immédiat sentiment qu’il n’existe pas des villes portuaires, mais bel et bien une seule et même cité, ces espaces maritimes reliés entre eux par l’immanence de l’imaginaire. Le regard que la ville portuaire porte sur elle-même dépend donc tout particulièrement des relations qu’elle entretient avec l’extérieur. Comme le rappelle Arnaud Welfringer, « la ville portuaire est pour une large part l’objet de rêveries produites par ceux qui ne l’habitent pas mais la traversent sans y demeurer, ou l’imaginent sans la visiter, rêveries vectrices de mythes. » Elle est aussi une réalité vécue par ses habitant.e.s, à commencer par la question du travail et de l’urbanisme afférent. Dans les arts (le cinéma, la littérature, la peinture, la musique…), l’espace portuaire a transmué le principe de décor à celui de personnage de récit. Il était donc tout naturel d’y consacrer un festival, qui d’année en année, questionne les multiples perspectives de la ville portuaire. C’est ce qu’explore depuis 2010 l’équipe de Zones Portuaires, Rencontres Internationales Cinéma et Villes Portuaires, manifestation née à Marseille — et désormais également à Port-de-Bouc —, qui a donné lieu depuis trois ans à deux extensions, à Saint-Nazaire et Gênes. Pour cette septième édition, un menu toujours plus riche, propre à nous faire voyager au sein de tous les ports du globe : pas moins de vingt-huit soirées spéciales, quarante invité.e.s (cinéastes, écrivains, musiciens, plasticiens), plus de cinquante films et dix concerts participeront à bâtir une proposition pertinente mais également festive, chaque année toujours plus dense. À commencer par les quatre temps forts, les séances en plein air sur le toit-terrasse de la Cité Radieuse le Corbusier — lieu unique de projection au sein de la cité phocéenne —, mêlant soirée grecque, avant-première du film d’Anne Alix Il se passe quelque chose, film tourné en région, ou la séance unique de Cinq et la peau de Pierre Rissient, présentée par Bertrand Tavernier. Côté cinéma, parmi les nombreux films sélectionnés, citons pêle-mêle Milla, que viendra présenter la réalisatrice Valérie Massadian, le magnifique Cap Canaille qu’accompagnera Jane Roger, la fille du cinéaste Jean-Henri Roger, Fos-sur-Mer de l’Allemand Peter Nestler, United for Jamaïca tourné à Kingston, Révolution Zendj de Tariq Teguia à l’occasion de la venue de François Beaune ou Terra Franca de Leonor Teles, en avant-première. Zones Portuaires a cette année, en partenariat avec la médiathèque Boris Vian de Port-de-Bouc, développé une belle programmation consacrée à la littérature portuaire, avec la venue d’auteurs tels Jean Rolin, Fabrice Loi, Robert Mencherini, Robert Strozzi ou Michel Bussi. Parmi les écrans parallèles, le programme se penchera plus particulièrement sur la question des ports fluviaux, mais également sur le travail de la cinéaste Franssou Prenant, avec une rétrospective de trois films. Enfin, de nombreux rendez-vous conviviaux hisseront cette septième édition parmi les rendez-vous incontournables de l’été, à l’instar du concert de Kazan, quarante musiciens venus du Tatarstan, la soirée consacrée à la chanson marseillaise des années trente ou les séances de courts-métrages concoctées par le festival Phare d’Arles !
Gaby Leuvielle
Zones Portuaires : jusqu’au 4/08 à Marseille et Port-de-Bouc.
Rens. : 04 42 06 29 77 / www.zonesportuaires.com
Le programme complet du festival Zones Portuaires ici