Funny People – (USA – 2h20) de Judd Apatow avec Adam Sandler, Seth Rogen…
Jude a pas tort
Pour ceux qui ne connaissent pas (encore) Judd Apatow, la vision de Funny People contredira sans mal son emballage promotionnel de comédie américaine débilitante. Par son traitement unique de thèmes apparemment vus et revus (l’amitié, l’amour, le sexe, le passage à l’âge adulte…) et une finesse d’écriture rare, le nouveau roi de la comédie yankee (40 ans, toujours puceau et En cloque, mode d’emploi) réussit encore son coup. Nous suivons ici le destin de George Simmons, la plus grande star comique actuelle — un vrai-faux Adam Sandler, ex-comique de stand-up et acteur de comédies à très gros budgets. Alors qu’il a tout ce dont il peut rêver (maison, voitures, jolies filles…) et qu’il se moque du reste (amis, famille, amour…), Simmons va tomber dans une profonde déchéance en apprenant qu’il est atteint d’une maladie incurable. Il décide alors de se faire seconder par un jeune comique inconnu, Ira. Sauf qu’Ira est tout le contraire de Simmons : grand rouquin frisé plutôt réservé, inexpérimenté en à peu près tout, survivant grâce à son petit boulot dans un snack et dormant sur le sofa d’une colocation de comédiens plus doués que lui… Entre le film initiatique et le conte moral, on est en terrain connu, mais les dialogues sont d’une telle qualité et l’on pénètre si profondément dans l’intimité des personnages qu’on finit immanquablement par s’y attacher. Lorsque les situations drôles s’effacent au profit du temps long de la vie des personnages, ils deviennent familiers, se montrent vulnérables, forcément attachants… Les personnages relativement antipathiques (les potes d’Ira surtout) gagnent notre estime, et c’est quelque chose dont il est difficile de se lasser, même si l’intrigue elle-même s’éternise… beaucoup. Pour résumer, ce nouveau cru est conforme à ce que nous en attendions.
Jonathan Suissa