Franck Aslan – Hatirasi

Franck Aslan – Hatirasi

Aslan le Magnifique

Une exposition avec son ami Nin Bek au CAC de Istres, un Trombone inauguré à Nice, une exposition personnelle à la galerie Mourlot : joli début 2010 pour Frank Aslan, le plus « allumé » des peintres marseillais…

expo-frank-stache.jpgL’histoire raconte que le grand-père de Frank quitta sa Constantinople natale pour « servir de chair à Canon » à Verdun. De cette « dénaturalisation », il gagna un œil et un bras en mois, mais conserva sa moustache… A la recherche de son histoire personnelle, le jeune artiste marseillais débarque donc à Istanbul en 2004, où il découvre que son patronyme y est l’équivalent de « Martin » en France. De ce premier voyage, il ramènera une série de photos répertoriant les enseignes utilisant son patronyme.
L’exposition à la galerie Mourlot est le récit du périple qu’il réitère en 2009, duquel il ramène dessins, photos et peintures, autant de « Souvenirs à acheter » (Hatirasi en VF) qui racontent Sa Turquie, ses similitudes avec Marseille, ses différences… Plus que l’art lui-même, c’est le lien qu’il lui permet d’entretenir avec les gens qui semble intéresser Aslan, comme le filtre à travers lequel il aurait choisi d’appréhender autrui ; ses peintures figurant les souvenirs de l’intérêt qu’il nous porte — avec joie chez Mourlot, avec gravité à Istres. « Funky » selon ses propres mots, pleines de couleurs acidulées, de paillettes, de cadres dorés, les œuvres de Franck célèbrent une joie de peindre perceptible et un véritable intérêt pour le medium, sa matière, ses gestes, et sa « petite cuisine ». Les deux dômes déclinent des nuances infimes de noirs qui rappellent les essais de Manet sur l’Olympien… Le chat (presque sacré en Turquie) inachevé laisse apparaître une toile non apprêtée qui lève le voile sur la méthode de travail du peintre. Une peinture « poïétique » (1), démontrant combien les secrets ennuient l’artiste… Car Frank Aslan est un irrévérencieux : il maugrée quand on lui parle de postérité et enrage contre « les opportunistes de la peinture ». On se souvient d’ailleurs de l’installation présentée aux Ateliers Boisson dans laquelle il nous invitait à tirer à la carabine sur une œuvre… Cet artiste « aquoiboniste » et faiseur de « plaisantristes » peint avec panache. Sans chercher à épater, sa peinture nous séduit grâce à sa sincérité, dans ses sujets et dans sa facture.

Céline Ghisleri

Franck Aslan – Hatirasi : jusqu’au 28/02 à la Galerie Mourlot-Jeu de Paume (27 Rue Thubaneau, 1er).
Rens. 04 91 90 68 90

Notes
  1. En art, étude des processus de création.[]