A serious man – (USA – 1h45) d’Ethan et Joel Cohen avec Michael Stuhlbarg, Sari Lennick, Richard Kind…
Double peine
Après le très noir No country for old men, les frères Coen avaient besoin de se relâcher un peu. Ils nous offraient ainsi Burn after reading, une comédie policière qui, sans atteindre des sommets de virtuosité, remplissait son rôle de manière assez correcte. Il faut croire que ce n’était pas suffisant et qu’il leur fallait signer une pure comédie, sans armes ni cadavres. C’est chose faite avec ce long-métrage bizarrement intitulé A serious man. Le seul problème, c’est que le film n’est pas vraiment drôle et que la légèreté affichée par ses auteurs peine à nous convaincre. Cumulant les mésaventures dans sa vie professionnelle comme familiale, un jeune professeur d’université cherche le réconfort auprès des rabbins de sa communauté. Ceux-ci, loin de le rassurer, accentuent les névroses de ce loser très ordinaire dont la maladresse chronique exclut toute idée de pitié. On attend ainsi pendant tout le film qu’il se passe quelque chose, que le récit décolle, que le personnage réagisse : en vain. Le préambule du film nous le laissait pourtant deviner avec sa pauvre reconstitution historique, ses dialogues abscons et sa triste fin moralisatrice. On s’aperçoit très vite qu’on est bien loin de l’efficacité tarantinienne d’Inglorious basterds qui, en quelques minutes et via un dispositif minimal, réussissait à installer une tension forte ouvrant brillamment l’histoire à venir. Suite de saynètes dignes d’une série télé quelconque, A serious man s’embourbe dans les méandres — devenus clichés depuis Woody Allen — de l’adulte juif américain qui s’interroge façon psychanalyse de comptoir. Cherchant l’effet comique, le gag frondeur à tout prix, les frères Coen n’y parviennent presque jamais. Et si le scénario ne restera pas dans les anales du septième art, que dire de la pathétique performance d’acteur de Michael Stuhlbarg ? A côté, Pierre Richard, c’est Buster Keaton ! A serious man : sérieusement ennuyeux.
nas/im