Ce pouvoir croyait tout changer. Moins de chômeurs, plus d’argent, plus d’allant. Regardez mon sourire et mes belles dents. Poussant son avantage, il a durci le quotidien déjà pénible de la majorité et renvoyé l’ascenseur aux happy few du dernier étage toit-terrasse. La ficelle était trop balèze. Et le bon sens populaire trop aiguisé par des années de sévices pour ne pas vouloir la couper net entre les mains du fouteur de gueule en chef. La justice sociale a pris une couleur bien visible pour ne pas la perdre de vue. Jaune fluo, obligatoire et bon marché. Évidemment, vu de tout en haut, ça fait un peu mal de devoir redescendre les marches une à une pour taper la discute avec des gens de rien qui font des fautes d’orthographe à « Macron démission ». Rendre le tablier, tu rêves. Plutôt crever. Ou les voir crever. Enférocé, Il multiplie les entorses brutales aux règles du jeu démocratique. Presse sous tutelle et permis de manifester sont les deux dernières, et pas des moindres. Le site d’information Mediapart vient de subir une perquisition pour remonter les sources d’un enregistrement d’une conversation surprise entre messieurs Benalla et Crase, les barbouzes du Président interdits de contact. L’Assemblée nationale vient de voter à 387 voix contre 92 le principe de donner au gouvernement le droit d’interdire de manifester à « toute personne à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour l’ordre public ». Ne pas parler, ne pas bouger : la loi est dure, mais c’est la loi. « La raison du plus fort est toujours la meilleure », dit la fable. Qui le premier a fait aveu de faiblesse ?
Victor Léo