Sumo (A matter of size) – (Israël – 1h32) de Sharon Maymon et Erez Tadmor avec Itzik Cohen, Irit Kaplan…
Grosse détente
Il n’est pas évident de trouver des points communs entre deux pays aussi différents qu’Israël et le Japon. Et pourtant… Ces deux-là cultivent le sens de la famille, de la religion et ont pendant longtemps noué des relations commerciales et financières avec les puissances économiques occidentales plutôt qu’avec leurs voisins proches. Les conflits n’ont été ou ne sont jamais loin. C’est peut-être ce qui a conduit les réalisateurs de Sumo à raconter l’histoire d’une bande d’Israéliens obèses s’entraînant à ce sport avec l’aide d’un ancien arbitre japonais. Contrairement à d’autres œuvres traitant du surpoids par une forte exagération comique et à l’aide de trucages bien visibles (L’amour extra-large), Sumo affiche les rondeurs à l’écran sans subterfuge technique. Seuls ou en groupe, les nombreux personnages bénéficient de gros plans. L’humour reste pourtant aussi léger et subtil que l’embonpoint des acteurs est évident. Au-delà de l’originalité manifeste du scénario, le succès du film réside certainement dans cette capacité à faire rire le spectateur avec ses protagonistes enrobés qui se moquent d’eux-mêmes. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Sumo est loin d’être une simple comédie, aussi efficace soit-elle. L’isolement géographique des deux pays en question est à l’image d’Hertzl et ses amis dans une société qui alimente le culte de l’apparence physique. On rit avec eux mais on re-questionne sans cesse les travers de notre société : l’intolérance à l’égard de la différence physique, sans considération du véritable bien-être, ou culturelle, à travers les idées préconçues sur les étrangers. La morosité ambiante avait bien besoin de ces ventres distendus pour mieux l’écraser, ne serait-ce que le temps d’un film.
Guillaume Arias