Lebanon (Israël/France/Allemagne - 1h34) de Samuel Maoz avec Yoav Donat, Itay Tiran, Oshri Cohen…

Lebanon (Israël/France/Allemagne – 1h34) de Samuel Maoz avec Yoav Donat, Itay Tiran, Oshri Cohen…

Tank il y aura la guerre

cine-Lebanon.jpgOn pourrait aborder Lebanon par les faits, par l’histoire, par cette guerre du Liban — atroce et méconnue — qui semble polluer l’inconscient du cinéma israélien contemporain. Ce serait à la fois intéressant et stérile. Intéressant, car les films traitant de ce conflit récent sont peu nombreux et qu’ils ont tous employé une voie très singulière pour décrire cet épisode complexe ; de l’animation psychanalytique de Valse avec Bachir au documentaire confession de Massaker. Stérile aussi, car Lebanon, qui n’est pas un film « de guerre » de plus, ne nous apprend rien de nouveau. Son dispositif même réduit sa portée historique, ce qui fait son charme, mais aussi ses limites. On suit durant une journée l’offensive d’un tank israélien et d’une poignée de combattants dont la mission se résume à « nettoyer » une ville déjà bombardée par l’aviation. De l’espace réduit de ce char d’assaut, la caméra ne sortira jamais. Claustrophobes s’abstenir ! L’extérieur n’est perçu que par le viseur du canon et les seules ouvertures se résument aux rares visites d’un officier ou d’un combattant phalangiste allié. Les premières images du film s’avèrent ainsi saisissantes, la caméra, véritablement embarquée, retransmettant parfaitement le chaos, la puanteur et l’isolement. Entre les tremblements, les secousses et les mouvements panoramiques heurtés du canon, le film réussit brillamment son entrée en matière. Mouvement choc pour film choc ! C’est certainement ce qui lui a valu d’obtenir le Lion d’or à la dernière Mostra de Venise. La suite se révèle toutefois un peu moins surprenante car cette idée de mise en scène s’épuise très vite ; et les mêmes images, issues des mêmes procédés, ne produisent plus leurs effets premiers. Il aurait fallu des ressorts scénaristiques plus tendus, ou une toute autre radicalité, façon Steve McQueen (le réalisateur anglais de Hunger, pas l’autre cow-boy !), pour permettre à Lebanon de déjouer le temps et la lassitude. Quand l’artifice supplante le naturel, ça sent soudain le réchauffé à l’intérieur du tank… Au final, l’impression est contrastée et le précepte se vérifie : les bonnes idées ne font pas toujours les bons films.

nas/im