Sous les pavés, la rage

 

Marseille ingouvernable ? C’est la question-réponse du Collectif Olab, qui expose dans un nouvel antre, le 12900 m². Derrière l’objectif, Alexandre, Damien et Julien croisent leur regard et vont à la rencontre des citoyens. Sur les pavés marseillais, ils font leur marché d’images. Un laboratoire de pellicules qui se précipitent à 12 900 degrés.

 

« La composition doit être une de nos préoccupations constantes, mais au moment de photographier elle ne peut être qu’intuitive, car nous sommes aux prises avec des instants fugitifs où les rapports sont mouvants » écrivait Henri Cartier-Bresson dans L’Imaginaire d’après nature.

Les poubelles brûlent, les flics tabassent. Le peuple hurle mais l’amour pleut. Les clichés vifs, noirs et sensibles de l’exposition du Collectif Olab (Alexandre Biville, Damien Chamcirkan, Julien Tiverné) nous emportent littéralement dans les rues phocéennes, dans un espace public occupé, brisé par l’argent, la précarité et la mort. La rupture entre un peuple puissant, des murs qui s’effondrent et celui qui grandit.

Ici, c’est Marseille et « la Soleam est pour le PSG ». Un monde à l’envers. Un tas de photos superposées qui nous replongent au cœur de la ville, les yeux rivés sur les façades des immeubles et sur les gens qui y habitent.

Ce labo, ce sont trois mecs qui nous mettent dans l’assiette ce dont nous avons besoin. La note est salée et il manque du beurre sur les sardines : « 20 millions pour une place et rien pour l’habitat et les écoles. »

Des élections présidentielles de 2017 au drame de la rue d’Aubagne, en passant par le « mur de la honte », le constat visuel du collectif est bien réalisé. Marseille ingouvernable ? Un flashball de poésie urbaine dans les glandes lacrymales…

12900m², ce sont six potes (Alicia, Boris, Hélène, J-C, Ludo, Romain) qui ont totalement foiré leur calcul dans les mesures d’un bureau et qui ont décidé d’aménager leur lieu associatif dans 60 m². Ils y accueillent trois ateliers privés : Pyxidis avec Alicia et ses teintures couleurs lasagnes, Ludo et sa maison d’édition Hineni, Mathilde et ses travaux plastiques.

La programmation variée envoie du lourd et à chacun-e sa spécialité : des projections « Ciné-Brique », des séances d’écoutes « 12900 DB », du théâtre avec la compagnie Hesperos, du mix et des disques sur « 12.9 FM », du catch sociétal avec les « Projections par dessus la troisième corde », et bien sûr des expositions quasi permanentes.

Une librairie et des fanzines. Un bar et des meubles de chez mamie. On se sent vraiment bien ici… Si bien que quand tu poses ton cul sur la cuvette, tu tapes un dunk en jouant au basket.

12900 m² a ouvert ses portes en octobre dernier. Un lieu dont il faut absolument soutenir le côté édulcoré (avec ou sans paillettes) et y rencontrer la chaleureuse équipe ! Ce nouvel espace culturel projette les héritages d’une jeunesse en soif de vivre, qui créée, partage, kiffe et multiplie les arts …

 

Zac Maza

 

Marseille ingouvernable ? par le Collectif Olab : jusqu’au 8/04 à 12900 m² (26 rue Isoard, 1^er).

Rens. : www.facebook.com/12900m2/

Pour en (sa)voir plus : www.olabphoto.fr