La Pivellina – (Italie/Autriche – 1h40) de Tizza Covi et Rainer Frimmel, avec Patrizia Gerardi, Asia Crippa…
On se lève tous pour A(s)ia
Hélas peu distribué en France, La Pivellina surprend d’abord par l’humanisme qui se dégage de sa simplicité. Aia, une petite fille (pivellina en V.O.), est recueillie par un couple d’artistes de cirque ambulant, Patty et Walter, dans une banlieue romaine. Les premières minutes peuvent perturber un spectateur habitué aux techniques modernes du cinéma. Ici, point de lumière artificielle et une caméra à l’épaule qui filme en super-16 mm. Ajoutons à cela une action qui se déroule dans des campings bordés de terrains vagues et l’on obtient une première impression de documentaire télévisuel. Très vite, pourtant, on perçoit le véritable objectif des réalisateurs: nous faire vivre cette aventure humaine avec ses protagonistes, « comme si on y était ». Petit à petit, le bonheur d’Aia et de ses nouveaux parents adoptifs fait figure d’oasis au milieu de la pauvreté environnante. Cette gaieté — symbolisée par la couleur des cheveux de Patty qui tranche avec le vert passé du gazon et le papier peint décrépi de son habitat — devient le fil rouge du film, et Asia Crippa, artiste en herbe de deux ans, le sujet et l’actrice principale. On peut imaginer les difficultés rencontrées pour faire tourner une enfant si jeune, que les autres personnages appellent d’ailleurs tour à tour par son prénom, Asia, et par celui de son personnage, Aia. Le réalisme du film provient aussi des comédiens interprétant les parents adoptifs, eux-mêmes artistes nomades auxquels on a demandé une grande part d’improvisation. A l’issue du film, la recette pour rendre heureux un enfant devient claire. Nul besoin de baigner dans l’opulence : un peu de magie pour débutants, beaucoup d’instinct maternel et de la tendresse à revendre suffisent. Aucune piste ne nous est donnée sur les raisons de l’abandon originel d’Aia ou sur son avenir. Qu’importe. Son accueil par des forains enthousiastes aura constitué, comme le film dans notre vie de spectateur, une parenthèse enchantée.
Guillaume Arias