Statuts de la liberté
Twitter a bruissé toute la journée des annonces à venir du président censées répondre aux gilets jaunes. Sans les réseaux sociaux, nos compères têtus et conquérants se seraient peut-être juste retrouvés en fin de soirée du bal des pompiers pour deviser de leurs soucis. L’ampleur du mouvement doit à Facebook sa possibilité. Les libertés d’expression, de réunion et de manifestation offertes à ses utilisateurs n’auront jamais trouvé plus forte résonnance. Plusieurs réactions témoignent d’une volonté de reprise de contrôle. La loi anti « fake news » votée fin 2018 tente la censure pré-électorale. La directive européenne sur le droit d’auteur adoptée définitivement ce lundi 15 avril instaure un filtrage généralisé des contenus partagés, livré aux géants du Net. La dernière a débuté il y a sept ans et a trouvé son épilogue fâcheux. Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, à l’origine de la révélation de la violation un peu trop systématique des droits fondamentaux par les États-Unis, a fini par être arrêté par les autorités britanniques en vue de son extradition. Edward Snowden, le lanceur d’alerte de la surveillance généralisée, s’est ému d’une « journée noire pour la liberté de la presse. » Le message est clair pour tous les aventuriers de la révélation d’intérêt public de secrets bien trop gardés. La prison vous guette, tôt ou tard. Leur audace, à l’appui de la révolution numérique, sert d’étendard. Faire reculer les libertés d’expression et de savoir est au programme. Assange est, avec nous, la victime d’une régression en cours. La lance ou l’alerte ?
Victor Léo