Daybreakers – (Etats-Unis – 1h38) de Michael et Peter Spiering, avec Ethan Hawke, Sam Neill, Willem Dafoe…
Un peu de sang neuf Note : 3,5
Après le succès de la série pour minettes Twilight (et la vague récente de séries télévisées consacrées au sujet : Being Human, True Blood, The Vampire Diaries…), Daybreakers confirme que les vampires raffolent décidément de l’obscurité des salles de cinéma. Le personnage mythique du vampire, sur lequel ont mordu tous les arts, repose sur une triple origine : un folklore populaire, décrivant dès l’Antiquité des revenants attirés par le sang des hommes, la vie de Vlad III Basarab, seigneur roumain du 15e siècle dont la cruauté lui a valu le surnom d’« Empaleur », et le personnage littéraire de Dracula qui s’en inspire au 19e siècle. Au-delà des clichés repris sur ce thème, certaines œuvres cinématographiques se démarquent par leur humour (Le Bal des Vampires), en attribuant une origine mobilière au vampire (Cronos) ou en traitant du vampirisme pathologique (Martin). Après tant de films sur le sujet, nous pouvions craindre le pire de Daybreakers, deuxième réalisation des frères Spiering. Une bonne surprise attend pourtant le spectateur. Habile, le scénario permet d’abord de renouveler le mythe. Dans un monde futuriste, les humains ne sont qu’une minorité chassée et élevée comme du bétail par des vampires qui commencent à souffrir de faim… L’originalité du film et le réalisme de l’histoire viennent d’une adaptation sociétale complète à la vie nocturne des vampires, des horaires du métro à celles des écoles. Dès lors, les publicités peuvent vanter les qualités d’un produit pour l’émail des canines et une bouteille de sang 100 % humain peut remplacer un bon vin. Grâce à une photographie exceptionnelle, mettant en valeur des tons foncés oscillant entre noir, bleu et rouge, le spectateur est plongé dans un futur qui respecte les codes sombres du genre. Ajoutez à cela un rythme haletant et un message politique implicite — les plus pauvres sont toujours les plus touchés en temps de crise — et le tour est joué. En fin de compte, en dépit de passages gore parfois inutiles, tout comme l’inévitable final américain symphonique à souhait, Daybreakers est ainsi un divertissement fantastique honnête qui pourrait séduire de nombreux bons vivants.
Guillaume Arias