Dream – (Corée du Sud – 1h35) de Kim Ki-duk avec Jô Odagiri, Lee Na-young…
A dormir debout
Jin rêve comme tout un chacun. Sauf que, quand il rêve, une fille qu’il ne connaît pas, Lee Ran, se métamorphose brusquement en somnambule et vit ses songes à lui dans le réel… Kim Ki-Duk, l’homme touche-à-tout de la Corée du Sud, revient sur le devant de la scène avec un sujet singulier. A priori, l’enthousiasme est de mise puisque l’auteur, entre autres, de Bad Guy, de Locataires ou encore de L’Ile jouit d’un palmarès plutôt honorable. On imagine logiquement que Dream, son dernier opus, aura des arguments pour nous emballer. Hélas, il est à ce jour ce que Kim Ki-Duk nous a proposé de pire. En effet, outre une photo laide et des comédiens proches de l’amateurisme, le réalisateur empile des scènes plus fadasses les unes que les autres (le pompon revenant au dénouement, quand l’héroïne se transforme en papillon) dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer. Au bout d’un moment, vu que Kim Ki-Duk ne semble lui-même plus savoir, on penche pour la comédie décalée. En cinéphiles respectueux, on se dit que le film est écrit avec un second degré trop subtil pour nous. On se dit que cette subtilité ne s’appréhende pas immédiatement pour des cerveaux aussi grossiers que les nôtres, qu’il faut la chercher, la mériter. Alors on patiente, on regarde les images se succéder… On espère. Mais rien ne vient. Absolument rien. Le vide. Les situations gagnent en crétinerie, une crétinerie de plus en plus intense, et on admet manifestement que Dream sent le sapin. Les protagonistes coulent à pic dans ce scénario ridicule et nous avec. Le tout sans bouée de sauvetage. A l’arrivée, la sensation qui surgit quand le générique de fin apparaît n’est autre que celle d’un soulagement sincère. Le cauchemar a cessé pour de bon…
Lionel Vicari