Le festival des cultures tsiganes Latcho Divano
Le temps des Gitans
Pour sa troisième édition, le festival des cultures tsiganes Latcho Divano nous propose un éclairage à la fois artistique, festif et militant sur un monde alliant souvent fascination et répulsion.
Les caravanes ont remplacé les roulottes, mais les croyances et le sens de la famille régissent toujours l’univers de ce peuple sans terre, mais peuple à part entière.
Victimes de légendes traversant les années, ceux que l’on connaît sous des termes aussi différents que Manouches, Roms, Gitans, Bohémiens ou Tsiganes exercent des métiers vieux de mille ans : ferrailleurs, rempailleur de chaises, vanniers, artistes de spectacles…
Sous la jolie appellation de Latcho Divano (« Le bel échange » en V.F.), ce festival nous expose, à la manière d’un tableau, toute la palette culturelle et artistique d’un peuple riche d’origines diverses, de langues multiples et empreint d’une âme commune : le nomadisme.
S’il est souvent perçu comme un hors la loi et un pillard imprévoyant, le nomade est avant tout un homme épris de liberté, porteur d’un principe de vie méconnue, basé sur la solidarité. Parrainé cette année par Tony Gatlif, Latcho Divano rend aussi hommage à cette philosophie, en effectuant un devoir de mémoire sur le passé douloureux et le présent empreint de précarité des Roms, via une programmation éclectique : spectacles, expositions (photos, peintures), projections (fictions et documentaires), conférences, lectures issues de la tradition orale, concerts (avec notamment la venue exceptionnelle des gitans Dhoad du Rajasthan)… Point d’orgue de la manifestation, la Journée internationale des Roms, le 8 avril, sera l’occasion d’une journée de festivités au Kiosque à Musique.
A l’heure où les sociétés occidentales font du nomadisme le dernier concept en vogue, il n’y a qu’un pas vers l’uniformisation. Alors reprenons la route en compagnie de la fanfare Vagabontu, protégeons notre biodiversité culturelle et plongeons de plein fouet dans une culture ancestrale où la survivance ne tient qu’à un fil.
« Le bel échange » commence par une rencontre, franchissons ensemble les frontières qui nous séparent de l’autre.
Pascale Arnichand
Latcho Divano : jusqu’au 10/04 dans divers lieux de la ville (voir programmation détaillée dans les agendas). Rens. 09 52 72 89 28