Esprits frappeurs
En dix ans, ils ont présenté deux singles autoproduits, un album et finalement un EP. Preuve que les Toulonnais de Mina May ont su prendre le temps de la maturation pour finir par imposer un style reconnaissable sans jamais se trahir.
A l’origine, on trouve cinq musiciens passionnés par le rock psychédélique et toutes sortes de musiques « indépendantes » de haute volée rythmique. A la sortie du premier album éponyme (2008), le quintette s’appuie sur des chansons plutôt solides (notamment Peering at the Sky), malgré une tendance certaine (et immodérée) aux envolées instrumentales et une trop grande présence de ses influences (notamment les Pixies), l’empêchant d’affirmer un style reconnaissable. Au départ du guitariste, les Mina May prennent le parti de se reposer davantage sur les rythmiques et notamment sur leurs deux bassistes. A l’écoute du dernier EP, les changements s’avèrent évidents : les ambiances sont sophistiquées et psychédéliques, les morceaux habités. A bien y regarder, le parolier/chanteur (dont la voix de crécelle semble être tournée vers l’intérieur) étonne également par ce qu’il a réussi à accomplir. En effet, improvisant en yaourt sur les compositions du groupe, il ne pouvait ensuite que coller du texte à la bonne intonation. Pourtant, avec Into Your Mouth (dont le titre, épelé par le chanteur, constitue le refrain), la chanson entière semble avoir été pensée depuis l’origine pour être une mise en abîme de l’hymne pop, où l’auditeur met dans sa bouche la chanson pour lui donner vie en lui. Ces morceaux composites seront une fois encore retravaillés à l’occasion d’une création pour le festival Faveurs de Printemps (fin avril) : nouvelles ou anciennes, leurs chansons seront tout spécialement revisitées pour l’église Anglicane de Hyères à l’aide de leurs harmonium, piano à queue, organetta, percussions, guitares et pédales à boucles. Si « revisiter » rime avec « exhumer », peut-être fera-t-on plus aisément la rencontre des esprits qui habitent cet EP (en particulier la chanson A scanner darkly), dépassant ainsi le format « pop song » qui les rend par ailleurs plus percutants que jamais ? Comme une introduction nécessaire avant la révélation d’une voix singulière.
Texte : Jonathan Suissa et Sbnc
Photo : Nan Del Ink
Le 9 au Cabaret Aléatoire avec les French Cowboys & Paco Volume et le 17 en mini-concert à la Fnac Centre Bourse.
Rens. www.myspace.com/minamaymusic
Dans les bacs : Skylarking EP (Silverstation Records)