Les Nuits du Château de La Tour-d’Aigues
Une tour de danse
Pour sa première édition, le festival Les Nuits du Château propose de faire la part belle à la danse dans le sud Luberon, dans ce lieu somptueux qu’est le château de La Tour-d’Aigues, à quelques dizaines de minutes de route d’Aix-en-Provence.
Le projet des Nuits du Château est né dans l’esprit de Florencia Gonzalez, à la tête de l’association Art of Gaïa, porteuse de l’événement. L’association œuvre depuis plusieurs mois à l’élaboration de ce temps fort dédié à la danse, soutenue par la commune de La Tour-d’Aigues. La danseuse et chorégraphe argentine appartenait autrefois au Ballet d’Europe, implanté non loin de Marseille, dont l’existence s’est achevée en 2017 faute de subventions. Déjà dans cette troupe, le mariage entre danse classique et contemporaine était de mise, à travers des corps aux mouvements saccadés, modernes. Au-delà de sa passion, Florencia, danseuse depuis l’âge de sept ans, a toujours voulu « faire parler les corps » et « mélanger la danse avec d’autres arts. » Aujourd’hui chorégraphe, elle a des idées plein la tête pour continuer de vivre de et par la danse, tout en restant ouverte aux autres arts. L’an passé, avec Art of Gaïa, elle présentait à La Tour-d’Aigues le spectacle Actéon, projet réunissant chorale, orchestre et danse, en partenariat avec la chorale et l’orchestre officiant au Château tout au long de l’année. Séduite, la commune lui a proposé de développer le concept pour en faire un festival sur trois jours. Comme pour beaucoup de projets artistiques, l’interdisciplinarité est de mise, et il semble de plus en plus évident que l’originalité et l’identité d’un lieu font partie intégrante des événements culturels, permettant ainsi d’attirer un public varié et de valoriser et de partager des patrimoines. Au-delà de cette notion de partage chère à Art Of Gaïa, l’association cherche également à « casser les codes de la danse traditionnelle et de surprendre, de sortir du classicisme pour aller vers la modernité. » Au vue de la raréfaction des budgets et de la concurrence entre les communes dans l’organisation d’événements, cet ambitieux projet prend des allures de pari, cela dit peu risqué si on se fie à la qualité de la programmation et au cadre somptueux.
Chaque soirée se découpe en deux temps : un premier en entrée libre de 18h30 à 21h30 offrant performances artistiques, musicales ou visuelles en extérieur, puis un second à la nuit tombée dédié à la danse. Le festival a choisi d’alterner entre créations de compagnies renommées (citons par exemple Josette Baiz et la compagnie Grenade) et jeunes créations (avec notamment la danseuse Émilie Lalande, bien connue chez Preljocaj). Le tout accueilli dans cet espace historique aux façades impressionnantes, offrant un décalage bienvenu entre passé et présent, actualités et patrimoines, danse et musique. Nous ne pouvons que souhaiter aux Nuits du Château de voir éclore leur deuxième édition.
Cécile Mathieu