L’invention de la tour européenne à la Maison de l’Architecture et de la Ville
Chacun sa tour
A travers le prisme de la construction des tours en Europe, l’exposition accueillie par la Maison de l’Architecture et de la Ville invite le visiteur à s’interroger sur l’architecture verticale. Rencontre avec des ovnis architecturaux au pays du néo-provençal.
Belle invitation, beau sujet accessible au plus grand nombre tant les tours semblent passionner, entre fascination et fantasme… Comme souvent à la MAV PACA, l’exposition est itinérante. Créée au Pavillon de l’Arsenal à Paris, elle débarque en province en ayant perdu de sa superbe. Au cours du voyage, l’exposition s’est en effet délestée de beaucoup d’attributs. A Paris, maquettes, plans et vraie scénographie racontaient l’histoire des gratte-ciel en Europe et donnaient envie de participer au débat actuel sur la construction des tours.
A Marseille hélas, le public n’a droit qu’à quelques panneaux, agrandissements des pages du catalogue, sans maquette ni scénographie !
La faute au lieu, décidément pas très adapté ou alors mal exploité ? Au manque de budget ou d’ambition ? A la facilité d’accueillir des expositions toutes faites sans jamais ou presque les remettre en perspective dans le contexte régional ?
L’occasion était pourtant belle cette fois de la personnaliser un peu, de la régionaliser… L’aversion pleine de préjugés d’une partie de la population pour les tours dans une ville qui en compte pourtant un grand nombre, réparties sur la totalité de son territoire, aurait peut-être mérité d’être soulignée. Une présentation des tours régionales (à Marseille, mais aussi Toulon, Martigues ou Monaco) et des projets en cours aurait aidé à comprendre que l’architecture verticale s’impose comme une réponse possible aux questions de densité, d’étalement urbain et de raréfaction des terrains. Et que nos contraintes climatiques, nos paysages, notre rapport à la mer ou encore nos manières d’habiter ne trouvent pas forcément de résonance dans l’histoire des tours européennes.
Car la vie dans une tour s’apprécie au moins autant que celle dans une villa de lotissement. Il n’est pourtant pas certain que vous trouviez dans cette exposition de quoi vous en convaincre.
Espérons que les débats portant sur le travail de Le Corbusier à Alger, qui se tiendront au même endroit les 4 et 5 juin prochains, permettront d’inventer la tour… méditerranéenne.
Texte : Nicolas Masson
Photo : Paradis St Roch à Martigues par Damien Boeuf