Archist paysage – La Clarté du Labyrinthe à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine
La reconquête de l’espace
Poursuivant son projet Archist (rapprocher art, architecture et paysage) avec le thème de la « clarté du labyrinthe », la Galerie des Grands Bains Douches nous plonge sans nous y perdre dans les imbrications physiques et mentales, réelles et fictives qui structurent notre rapport à l’espace.
Les artistes réunis ici — Bettina Samson, Claire-Jeanne Jézéquel, Jeppe Hein, Pierre Labat, Stephanie Nava, Rémy Rivoire et Christine Sibran — nous invitent à éprouver l’espace comme organisation en devenir en faisant vaciller les frontières et démarcations stables qui cadrent notre rapport aux différentes spatialités.
Espace fictif, espace réel et espace symbolique communiquent ainsi dans Llano del Rio pop-up (Ozymandias) : en prenant comme support réel et symbolique un livre écrit par Aldous Huxley, l’œuvre de Bettina Samson fait communiquer matérialité du livre et matérialité architecturale (via une construction en papier se greffant entre les pages), utopie et Histoire, imaginaire et réalité.
Les relations entre espace de l’œuvre, espace de l’exposition et spatialité corporelle du spectateur sont également explorées ici, notamment par Claire-Jeanne Jézéquel et Pierre Labat, qui font éclater le paradigme de l’œuvre-objet. Où commence et où finit l’œuvre puisque celle-ci ne fait sens que dans le rapport qu’elle entretient avec l’espace de la salle ? Dans cette recomposition de l’espace par l’œuvre et de l’œuvre par l’espace, le corps et l’orientation du spectateur sont amenés à jouer un rôle primordial afin d’explorer la multiplicité des points de vue possibles, les désorientations et les points d’équilibre.
Les artistes abordent aussi les liens entre espace physique et espace mental et la co-constitution de l’un par l’autre. Dans Redoutable, Stephanie Nava donne une matérialité à nos grilles de lecture et d’interprétation du monde en mettant en scène un espace de discussion comme espace de jeu, dans lequel les pièces du jeu sont des arguments et l’enjeu, la prise de pouvoir. Les étonnantes « sculptures » de Rémy Rivoire nous montrent quant à elles un agencement complexe de bouts de bois qui forment autant de structures abstraites. Celles-ci évoquent une multitude de structures « réelles » — empiriques ou conceptuelles — qui organisent ou nous permettent d’organiser la compréhension du monde.
Texte : Elodie Guida
Photo : Redoutable de Stephanie Nava
Archist paysage – La Clarté du Labyrinthe : jusqu’au 29/05 à la Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine (35 rue de la Bibliothèque, 1er). Rens. 04 91 47 87 92 / www.art-cade.org
NB : l’association Art Cade organise son Banquet, épisode # 2 le 26 à 20h à la galerie. L’occasion de (re)découvrir l’exposition et d’admirer avec tous nos sens les œuvres des artistes en cuisine.