When You're Strange - Documentaire (USA - 1h30) de Tom DiCillo

When You're Strange – Documentaire (USA – 1h30) de Tom DiCillo

Courant d’air

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Ni fade, ni conséquent. Pas utile, pas vain. Voilà ce qui ressort de ce film documentaire signé Tom DiCillo (Ça tourne à Manhattan). Pour son premier essai dans le genre, le réalisateur ne trahit personne, trop préoccupé à rendre une copie lisse. Extrêmement fidèle à l’histoire officielle des Doors, il ne fouille pas dans les zones sensibles, ne révèle rien, se contentant sobrement de dérouler de sages images d’archives inédites et d’y accoler un commentaire propre, dit par le chocolatisé Johnny Depp. De fait, au-delà du plaisir qu’il peut prendre à se replonger dans cette époque bénie et à réécouter Riders on the Storm ou When the Music’s Over, le spectateur reste à l’extérieur. Impossible de franchir cette porte dont Oliver Stone nous avait confié la clef avec bonheur il y a presque vingt ans. Pourquoi choisir de raconter le tumulte des Doors si c’est pour rester à distance ? Un docu sur Dick Rivers aurait suffi, à ce compte-là… Sans forcément réclamer la réactivation du mythe et de ses fantasmes, l’envie du spectateur (ou du fan) réside dans la découverte, une meilleure compréhension. Une analyse fournie de l’œuvre et une description consistante de la vie des musiciens semblaient le minimum syndical. Au lieu de quoi, on accumule les citations sans intérêt : « C’est tellement tendu pendant les séances d’enregistrement entre Morrison et le groupe que Densmore a de l’urticaire », « L’alcool a beaucoup fait changer Jim… ». Et même les rares extraits où les protagonistes principaux (que ce soit Manzarek ou Morrison) s’expriment n’apportent strictement rien au schmilblick. En définitive, il aurait mieux valu se passer du blabla insipide que nous impose DiCillo et se contenter d’un empilement brut de ces images inédites sur une bande-son bien choisie — les chansons des Doors n’ayant absolument rien perdu de leur grâce…

Lionel Vicari