Galette | Kid Francescoli
Game Lovers
En scooter sur la Corniche, le corps moite et salé, la peau tannée et la mer comme seul horizon : c’est là d’où vient le dernier album de Kid Francescoli, solaire et méditerranéen. L’enfant de Marseille nous invite dans Lovers à suivre une fois de plus une escapade amoureuse.
Il ne s’agit plus ici de nous faire visiter le monde comme dans With Julia. L’escapade signe, paradoxalement, un « retour au bercail » ; elle devient une parenthèse douce et suave, empreinte de mélancolie. Entre souvenirs d’été marseillais et émerveillement permanent face à la mer, Mathieu Hocine a voulu retranscrire des sensations et des émotions propres à la cité phocéenne : le « soleil, la mer et le sel » deviennent « influence musicale ». L’album est encore et toujours rythmé par la figure féminine. Après avoir rencontré Samantha en soirée, il taille la route en scooter pour atterrir aux Goudes avec elle. De ce moment précis nait le texte de Cent Corps. Mais avant d’entamer la romance, leur relation était professionnelle, donc musicale. C’est pourquoi la voix hypnotisante de cette Franco-Brésilienne structure Eu Quero et nous fait voyager à travers le paysage marseillais (le clip est déjà disponible). Omniprésente dans cet album, cette voix est ce qui « déclenche quelque chose », c’est à partir d’elle que « l’étincelle se fait ». Sarah Rebecca transforme quant à elle la mélodie calme et nostalgique de The Only One en féerie.
Lovers est en fait une déclaration d’amour à triple longueur d’onde : Mathieu Hocine met en exergue l’attachement à son quotidien marseillais, Kid Francescoli chante sa relation avec Samantha, et toutes les femmes présentes (Samantha, Nassee, iOni, Sarah Rebecca) s’approprient et interprètent un épisode amoureux. D’une histoire particulière, on passe ainsi à un thème universel et c’est à travers cette plongée au cœur de l’intimité que l’on retrouve des sensations et des émotions que l’on a pu croire ineffables car personnelles, qu’il s’agisse de la liberté ressentie face à la mer ou de ce que l’amour peut procurer comme peur. La musique retrouve bel et bien l’un de ses buts premiers : transmettre ce qui ne peut être dit. Pari réussi, donc, pour Lovers qui se fait l’hymne enchanteur de la stabilité, à l’opposé de la passion dans son album précédent. Ici, « Marseille représente aussi l’amour qui ne fuit pas. »
L’amour pour contenu, la Méditerranée comme influence et l’électro comme matière première, voici le trio gagnant de ce nouvel opus. C’est un Kid grandi que l’on sent à travers lui, un Kid qui retourne à ses origines et s’y ancre. Tout se lace et s’entremêle, son quotidien comme ses aventures amoureuses, tout devient prétexte à la musique. C’est cette synergie qui prend la forme de la consécration de l’instant présent. On nage ainsi en plein souvenir grâce à des tonalités langoureuses, lentes, mélancoliques « mais jamais tristes ». Après avoir enflammé les soirées d’été dans ses albums précédents, l’artiste nous invite ici à les repenser et presque à les fantasmer. C’est du moins ce que laissent entendre les sonorités chillwave et mid-tempo qui laissent une sensation de calme après la tempête. C’est sans doute l’effet procuré par son retour aux sources : à chaque fois qu’il se retourne et voit la Méditerranée, il se rappelle à quel point elle est belle et combien il est heureux d’être un enfant d’ici.
Nina Cornée
Dans les bacs : Lovers (Yotanka Productions)
Kid Francescoli sera en tournée internationale à partir du 28/02. Retrouvez le sur la scène de Marsatac le 27/06.
Rens. : www.marsatac.com
Pour en (sa)voir plus : www.yotanka.net/fr/artists/kid-francescoli/