Les attentions quatre étoiles de la métropole pour l’hôtel de la Canebière
Alors que les travaux du centre-ville doivent s’interrompre le temps de la campagne, un petit chantier poursuit son cours sous le pilotage exclusif de la métropole. Pour 600 000 euros, l’institution refait à neuf les deux rues qui encadrent le nouvel hôtel Mercure de la Canebière.
Depuis plusieurs mois, les habitants du centre-ville ont appris à slalomer entre les pelleteuses, à sauter à cloche-pied entre les caisses de pavés et les ouvriers affairés au grand chantier de la rénovation du centre-ville de Marseille. Cette fièvre aménageuse débutée il y a tout juste un an doit s’interrompre avec l’arrivée du beau temps, concomitante de l’entrée en campagne officielle.
Cette pause dans le chantier repousse à plus tard quelques gros morceaux de cet énorme chantier divisé en pôles géographiques. Il faudra donc attendre à la fin 2020 pour voir le nouveau visage de la rue Caisserie ou la seconde partie de la Canebière pavée de porphyre.
Les rues de l’hôtel 4 étoiles
Une petite partie du quartier fait exception à cette pause annoncée dans la révolution du centre-ville, portée par la métropole Aix-Marseille Provence et sa présidente Martine Vassal (LR). Il s’agit de deux petites sections qui encadrent l’hôtel Mercure de la Canebière, rue Longue des Capucins et rue des Feuillants. Les deux panneaux qui décrivent cette opération font état d’un chantier qui doit s’étaler de janvier 2020 à la fin mars pour un montant TTC de 600 000 euros.
Mais, curieusement, ce n’est pas le groupement désigné en février 2017, formé par Ingerop, Tangram et Desvignes, qui pilote cette opération. Sur l’affichage officiel, il s’agit du « pôle gestion de l’espace public » de la métropole. La collectivité a donc choisi d’assurer elle-même le suivi de ces travaux. Elle se base cependant sur la charte de qualité urbaine conçue par les paysagistes des deux agences. Selon les rues, places ou placettes, les architectes prévoient le type de pavage, les essences d’arbres et même la forme des trottoirs. « Nous n’avons pas réalisé d’esquisses pour ces deux rues, en revanche nous avons validé le projet d’aménagement proposé par la métropole », répond-on chez Tangram.
La métropole assure le pilotage des travaux
Malgré ce changement de pilote, c’est l’entreprise déjà prévue pour ce secteur qui a dépêché ses ouvriers. Le groupe Grégori Provence est l’une des sociétés choisies pour mettre en application les plans, dans le cadre d’un vaste appel d’offres passé en juillet 2018 pour un montant global de 67 millions d’euros. Elle apparaît sur le panneau.
C’est une des souplesses de l’accord cadre passé par la métropole avec le groupement Tangram – Ingerop – Desvignes pour mener cette rénovation. Il prévoit ce qu’on appelle dans le délicieux jargon technocratiques des « marchés subséquents » qui permettent de lancer ou non des missions. C’est d’ailleurs ce que répond le service presse de la métropole :
La métropole se réserve la possibilité d’assurer elle-même la maîtrise d’œuvre d’exécution, afin de répartir la charge de travail, tout en assurant la coordination de l’ensemble des acteurs, qu’ils soient privés ou publics, avec surtout la volonté d’assurer une cohérence globale des aménagements.
Mais la réponse se garde bien d’expliquer pourquoi ces deux rues font l’objet d’une attention particulière si ce n’est – heureux hasard – qu’elles encadrent le nouvel hôtel Mercure de la Canebière, projet phare de la fin du précédent mandat inauguré il y a quelques mois. À ce propos, la métropole répond qu’il s’agit de « l’aménagement de l’îlot des Feuillants, pour lequel le pôle voirie avait déjà travaillé par le passé, avant la passation de l’accord-cadre ». La même méthode est mise en œuvre rue Dumarsais, entre la rue Paradis et la rue Haxo, dans « un souci d’efficacité ».
600 000 euros pour quelques mètres carrés de pavage
Dernière incongruité, le prix global de ce chantier. En effet, dans des documents du chantier, on trouve le détail, rue par rue, des aménagements à prévoir et le prix estimatif. Pour la rue des Feuillants, l’estimation est de 165 000 euros et de 297 000 pour la rue Longue-des-Capucins, soit 462 000 euros pour la totalité. Avec 600 000 euros, il en coûtera donc 30 % de plus, même si l’estimation date de 2017. Sauf que l’enveloppe initiale prévoyait une réfection globale de la rue Longue-des-Capucins jusqu’à la rue d’Aubagne. Et non pas la petite section qui fait face à l’entrée de l’hôtel, qui correspond à la moins de la moitié de la surface prévue.
C’est donc un joli cadeau fort coûteux en argent public qui va permettre aux touristes de marcher sans que leurs valises ne coincent leur roulette dans les trous du bitume. Quant au reste des rues de Noailles, elles attendront la mise en œuvre d’un projet global qui patiente depuis 2014…
Texte et photos : Benoît Gilles