Babel Minots

Enfant Phare

 

Jolis labels pour nos beaux minots. Du 11 au 22 mars prochains, le Nomad’Café et le festival Villes et Musiques du Monde proposent une sixième édition de Babel Minots, événement musical dédié au jeune public. Programmant conjointement spectacles, concerts, actions culturelles et rencontres professionnelles, la manifestation est unique et son ampleur, nationale.

 

Soutenu par la Sacem, la DRAC et les Jeunesses Musicales de France, Babel Minots a vu le jour en 2015, émanant d’envies et d’ambitions profondes de consolider la proposition artistique offerte à la jeunesse. L’énergie déployée semble être puisée dans une source intarissable, à tel point que l’événement, au-delà d’un caractère intangible d’important satellite dans l’univers enfantin national, gagne aujourd’hui une image épicentrale. Par les compagnies et artistes, gagnant en nombre et en richesse ; par ses rencontre pros, incontournables pour les deux cents spécialistes de la culture, de l’éducation et de la jeunesse venus de la France entière ; et surtout par son action singulière, celle d’ajouter quatre cents bambins de la ville à la programmation, de leur offrir, au-delà d’un artiste éduquant sur plusieurs mois, deux soirs où ce seront eux, les stars.

En honnêtes outils de mesure, les chiffres nous parlent : dix-neuf compagnies et trente-deux représentations en majorité gratuites dans quatorze lieux, Babel Minots est boosté aux hormones de croissance. Aussi, un tour de la programmation permet de confirmer son potentiel éducatif. Le théâtre se mêle à l’instrument et offre une fenêtre multiculturelle indispensable, dès le plus jeune âge. Alors que les contes et fables de Lamine Diane offrent un tour d’horizon des traditions africaines, Gurvan Liard et Nanih Vitard nous comptent Le Voyage de Souleymane dans son parcours de vie au Sénégal ; pays que l’on quitte « sans visa », à travers la musique de Boubacar Ndiaye, initiant nos têtes blondes à la thématique de l’immigration. La voix d’Iraka se fait aussi porteuse de message, à dos de goéland, pour une virée initiatique au pays de l’émancipation. Les jeunes cerveaux bouillonnants absorbent, murissent, fabriquent le ciment d’un esprit ouvert. Ils bravent leurs peurs : celle de la guerre, dans La Contrebasse de me grand-mère de la compagnie Alatoul, ou celle de la mort, grâce à Firmin & Hector. Les petits cinéphiles réviseront le principe d’amitié grâce au film d’animation Franz et le Chef d’Orchestre, et viseront le classique à travers la romance de Buster Keaton dans Sherlock Junior. Marionnettes, théâtre, cinéma, musique, instruments électriques, électroniques, amplifiés et acoustiques, à cordes ou à peaux, le choix est quantitatif, et sa valeur des plus qualitatives.

Depuis sa deuxième édition, le festival se distingue profondément en mettant en place la Cité des Minots : un programme d’éveil musical et culturel sur cinq mois en milieu scolaire, accompagné par un artiste. Succédant à HK et les Saltimbanques, c’est René Lacaille qui offre cette année aux petits apprentis sa culture réunionnaise. L’éducation est évidemment culturelle, mais aussi sociale, et permet aux élèves de dix-neufs classes de primaires marseillaises d’évoluer dans un projet collectif. Ensemble, ils ont préparé un répertoire de sept chansons qu’ils s’enorgueilliront de pouvoir interpréter lors de deux concerts sur la (grande) scène du Moulin. De la même manière, la Fabrique à Chansons a permis aux élèves de l’école Ruffi de participer à l’élaboration d’un morceau avec le rappeur Iraka, qu’ils restitueront ensemble lors d’un concert inédit au Nomad’Café. Enfin, les Nouveaux Troubadours présenteront un spectacle musical pédagogique, résultat de deux années de travail au Théâtre de la Colonne ; restitution d’une collaboration de cinq classes et de deux foyers séniors de Miramas sur des thèmes sociaux et environnementaux, dirigés par le chanteur musicien Gil Aniorte Paz et mis en scène par Philippe Car.

 

Babel Minots, c’est une tour qui prend trois étages par édition et consolide son ancrage au sol dans le même temps. Un arbre culturel qui déploie ses branches et ses racines de manière exponentielle.

 

Lucie Ponthieux Bertram

 

Babel Minots : du 11 au 22/03 à Marseille.

Rens. : www.babelminots.com

Le programme complet du festival Babel Minots ici