Arman Wirgin à l’Espace culture et au 16e Parcours de l’Art à Avignon

Arman Wirgin à l’Espace culture et au 16e Parcours de l’Art à Avignon

Wirgin Méga Fort

Arman Wirgin, un artiste qui s’amuse et nous propose une galerie de masques afin de questionner, sérieusement, le rapport que nous entretenons aux images.

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Notre « récit », notre parcours, commence avec la perte, avec la chute d’un corps qui s’évanouit, s’éloigne, chute à laquelle l’endeuillé assiste, impuissant. Puis le survivant essaie de réunir les restes, les traces : il collectionne les archives, les reliques, les photographies, les bijoux… Il essaie de conserver des bribes, des morceaux et de les rassembler. Pour Armand, il existe deux types d’art. Le premier, consensuel, dépend des règles établies par les critiques et les marchands qui justifient, par une quête de sens, ce qui est de bon goût… ou pas. Le second, davantage sensuel, cherche à susciter le trouble, à produire un effet mais n’est pas nécessairement pourvu de sens. C’est à cette deuxième catégorie que s’identifie l’artiste, un véritable artiste, celui qui montre et parle de son travail en toute modestie, avec beaucoup de pudeur. Pour ses œuvres, Wirgin parle de « photosculptures ». Il procède par addition et soustraction de la matière première : des images, pouvant être de nature différentes (magazine, photos…), qu’il manipule, farde (en utilisant différents accessoires issus de « sa boîte à maquillage »), photographie. L’artiste œuvre dans un paradoxe : c’est la perte d’identité des premières images qui conditionne l’avènement d’une nouvelle. Il va sans dire que cette pratique s’inscrit dans la droite lignée des collages surréalistes, mais ici, point de colle, ce sont des apparitions fugaces, fixées en un instant par l’acte photographique d’Armand. Une mise en abîme en quelque sorte, une image qui parle d’images, de leur multiplication mais aussi et surtout de leur dématérialisation. On pense alors aux propos de Walter Benjamin dans son essai L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, où l’auteur explique, entre autres, comment le développement des techniques de reproduction (photographie et cinéma) a changé le statut de l’œuvre unique (perte de l’aura, de la valeur sacrée) et la perception du spectateur. Une démarche simple, certes, mais qui souligne la capacité du fragment, du « rien », à faire image à défaut de faire sens.

Nathalie Boisson

Jusqu’au 2/11 à l’Espace culture (42 La canebière, 1er). Rens. 04 96 11 04 60 / www.espaceculture.net
Et aussi jusqu’au 23/10 dans le cadre du 16e Parcours de l’Art à Avignon. Rens. 04 90 89 89 88 / www.parcoursdelart.com