Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne 2010
La Terre est bleue comme une orange
Comme chaque automne depuis vingt-deux ans, Gardanne troque l’orange de son passé minier pour le gris ferreux des boîtes de pellicule, et invite les amoureux de cinéma de tous bords au Festival Cinématographique d’Automne pour deux semaines de festivités.
Il faut prendre le Festival d’Automne de Gardanne pour ce qu’il est : une grande séance de rattrapage à échelle régionale, agrémentée de quelques propositions bien senties. Vu sous cet angle, tous les ingrédients sont réunis pour notre seul plaisir cinéphilique. Il ne s’agit donc pas ici de donner sens à l’événement, mais de nous offrir une dernière occasion de découvrir l’essentiel des sorties récentes en salles obscures, avant leur disparition des écrans. Ce qui, dans une actuelle exploitation cinématographique trop frénétiquement renouvelée, offre déjà un intérêt évident. L’équipe du festival aime à souligner la dimension internationale de sa programmation : plus de vingt-cinq pays sont représentés, parmi la soixantaine de films retenus. Dans ce panorama, certains sont déjà disponibles en DVD, mais comment ne pas conseiller de (re)voir sur grand écran les œuvres magistrales d’un Bong Joon-Ho (Mother), d’Anne Linsel et Rainer Hoffmann (Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch), de l’immense Todd Solondz (Life during war time) ou de Sebastian Cordero (Rabia) ? La section « avant-premières » nous dévoilera la dernière œuvre de l’excellent documentariste chilien Patricio Guzman (connu pour son Salvador Allende), L’étrange affaire Angelica de l’immortel Manoel de Oliveira, La nostra vita de Daniele Lucchetti et les derniers opus d’Ozon, Tavernier, Nicole Garcia ou Rebecca Zlotowski (très remarquée au dernier Festival de Cannes pour son Belle épine). Côté séances spéciales, la manifestation s’est associée avec les Chroniques du cinéma algérien, évènement à vocation régionale qui investira, dans une intention de rapprochement des peuples, de nombreux lieux de PACA, afin de faire découvrir l’essentiel de la création algérienne contemporaine . Au sein du festival, six films de cette dernière décennie viennent rappeler le dynamisme d’une production nationale déjà soulignée par le travail d’Aflam ou Cinémémoire, récemment évoqué dans ces colonnes. Autour d’auteurs confirmés, tel Merzak Allouache, nous découvrirons les opus de Mohammed Soudani (présent à la projection), Khaled Benaïsa ou Malek Bensmaïl, avec son saisissant La Chine est encore loin. Entre deux hommages rendus à Tony Gatlif et Rachid Bouchareb, les papilles seront excitées par une soirée spéciale italienne, où pellicule et bonne chère feront, comme à l’accoutumée, bon ménage. Voilà une programmation qui, sans briller par son originalité, s’inscrit sous le signe de la convivialité et du seul plaisir cinématographique. C’est déjà beaucoup.
Emmanuel Vigne
Jusqu’au 2/11 au cinéma 3 Casino (11 cours Forbin, Gardanne). Rens. 08 92 68 03 42 / www.cinema-gardanne.com