Les nuits d’été et Métamorphoses à l’Opéra de Marseille

Les nuits d’été et Métamorphoses à l’Opéra de Marseille

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La saveur du pas compté

Pour le retour de Métamorphoses de Frédéric Flamand dans la cité phocéenne, le Ballet National de Marseille programmait en début de soirée Les nuits d’été de Thierry Malandain. L’occasion de découvrir une autre création du directeur du Ballet de Biarritz, après le magnifique Sextet de l’année dernière.

Les nuits d’été, c’est un cycle de six mélodies pour voix et piano composées par Hector Berlioz sur des poèmes de Théophile Gaultier. De la joie de vivre aux amours perdues, de l’exaltation à la perte et au deuil, la partition aborde le romantisme dans ses grandes largeurs, prenant le risque du pathos et de l’outrancier. Mais la force de Thierry Malandain, c’est d’examiner au plus près ce que signifie la justesse d’un placement du pied, d’un écart maîtrisé, d’un glissé sur le tempo. Quand la danse épouse à ce point une musique qui n’avait rien demandé, on comprend mieux la difficulté d’aborder un langage classique. Ici, la sobriété et l’indice minimum jouent les qualités d’une peinture : une teinte claire entrecoupe le noir de l’horizon, le soyeux se révèle dans un halo de lumière. Tout est tamisé, feutré, parfois volontairement ralenti pour révéler le piqué d’une pointe, l’accéléré d’un demi-tour, l’exaltation d’une diagonale. On est loin des enjeux contemporains d’une danse qui se refuse de plus en plus au pas compté, mais quand la technique épouse la clairvoyance, une présence se magnifie aux yeux de tous, une évidence prend forme dans ses plus beaux atours et l’on attend évidemment la suite.

Texte : Karim Grandi-Baupain
Photo : Pino Pipitone

Les nuits d’été et Métamorphoses étaient présentées du 14 au 16/10 à l’Opéra de Marseille