Jewish Connection (Etats-Unis – 1h29) de Kevin Asch avec Jesse Eisenberg, Justin Bartha, Ari Gravnor…
Un trafic pas très orthodoxe…
A la fin des années 90, un trafic d’ecstasy s’orchestre entre Amsterdam et New York. Rien de bien original jusqu’ici, de nombreuses œuvres ayant déjà traité avec succès le thème du trafic de drogue sous l’angle des usagers (Requiem for a dream, Trainspotting) comme des trafiquants eux-mêmes (Scarface). La surprise de Jewish Connection vient de la nature des « mules » : des juifs traditionnalistes qui pensent faire passer de simples médicaments. Face à l’incompréhension de sa famille et de sa communauté religieuse orthodoxe, Sam Gold (Jesse Eisenberg) va croquer la pomme et céder aux sirènes des doux billets verts.
Pour son premier film, Kevin Asch nous parle donc du passage entre deux mondes improbables. Surfant sur une vague de poupées russes, le spectateur passe de la pieuse journée américaine à la nuit hollandaise endiablée via des séquences de communauté puis des gros plans de personnages dans le Quartier Rouge. Le chemin inverse se produit ensuite pour revenir à la cellule familiale de Sam Gold et les cours de son rabbin référent. Comme la nuit recouvre le jour, la techno couvre le son des prières. Le basculement d’un univers à l’autre est rendu possible par le pouvoir de l’argent, permettant autant de présenter un « bon parti » pour un mariage arrangé que d’acheter de l’ecstasy en grande quantité. Tout se paye certes, mais une foi ébranlée n’est pas forcément éteinte, semble nous dire le réalisateur, comme s’il fallait ne pas pousser trop loin la critique de la religion. Tout en restant plaisant et intéressant, le film laisse ainsi un arrière-goût d’inachevé. On aurait aimé que les relations entre Sam Gold et sa famille soient approfondies, tout comme son tiraillement entre aspiration humaine à la liberté et obligations religieuses à suivre. Amen.
Guillaume Arias