L'hôtel du conseil départemental à Saint-Just © LC

Les anciens élus du Conseil départemental retrouvent des emplois publics en toute discrétion

Sortants en juin, recasés à la rentrée. Selon les informations de Marsactu, quatre élus départementaux de la droite locale qui ne se sont pas représentés en juin ont trouvé des postes d’employés au département, à la métropole et au CCAS de La Ciotat.

 

 

C’est l’histoire de petits recasages entre amis. Ils ne se sont pas présentés à leur succession au conseil départemental en juin dernier, mais ne sont pas pour autant sortis du paysage. Quatre anciens élus départementaux ont eu tôt fait de retrouver des postes dans des structures publiques. Les deux premiers n’ont même pas eu besoin de faire leurs cartons et sont restés au bateau bleu. Maurice Rey, ancien recordman de longévité de l’assemblée départementale, et Bruno Genzana, vieux routier de la politique locale, ont juste changé de fonction. Les voilà tous deux rendus au cabinet de Martine Vassal.

Présent aux séances dans l’hémicycle du département, accompagnant la présidente LR en déplacement comme au récent congrès national des sapeurs-pompiers, Maurice Rey a pris en main les questions de sécurité. Il s’intéresse notamment aux relations avec le Syndicat départemental d’incendie et de secours (SDIS 13), où il a longtemps siégé comme administrateur.

 

Un conseiller régional chargé de mission

L’ancien vice-président aux sports Bruno Genzana, dont la carrière politique s’est ancrée dans plusieurs villes du département, le côtoie dans un poste de suivi des collèges. Officiellement, la logique est d’avoir au sein du cabinet un référent pour chaque grande compétence. Mais ce travail, qu’il cumule avec son mandat de conseiller régional, en miroir, étonne certains. Dont cet ancien collègue de Bruno Genzana : « Il y a un service et une conseillère déléguée aux collèges, je ne vois pas vraiment ce que cela apporte en plus », grince-t-il.

Le cabinet de la métropole, aussi présidée par Martine Vassal, a aussi eu sa nouvelle venue. L’ancienne élue déléguée à l’insertion Dany Brunet est arrivée dans les bureaux de l’intercommunalité, postant sa rentrée dans la tour La Marseillaise sur les réseaux sociaux. Elle y préserve des sphères d’intervention proches de ses précédentes attributions.

« C’est un peu particulier et étonnant comme changement, témoigne auprès de Marsactu un conseiller départemental de la majorité. C’est même un peu dérangeant quand on a encore un mandat par ailleurs. Il faut qu’ils trouvent la différence entre être élu et membre du cabinet de la présidente, cela demande de changer de posture. » Avec des rémunérations avoisinant, selon les éléments recueillis par Marsactu, les 3 000 euros mensuels, ces postes sont-ils des formes de lot de consolation ? Ils permettent en tout cas de compenser, du moins en partie, les pertes de rémunération des intéressés et de les conserver dans le giron. « Ils ne vivent que de ça et c’est leur point faible », glisse un fin connaisseur des mœurs politiques.

Cette même stratégie avait été développée en son temps par Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille. Plusieurs élus avaient été invités à laisser la place aux jeunes, mais avaient obtenu un emploi auprès de lui dans le même temps. Cette vieille garde avait été conservée suffisamment longtemps pour qu’elle dépasse l’âge limite de la fonction publique et vaille à l’ancien édile des poursuites en justice. Dans un autre registre, Michèle Rubirola puis Benoît Payan ont quant à eux accueilli plusieurs anciens élus d’autres villes françaises, à l’image de l’ex-première adjointe de Saint-Nazaire Lauriane Deniaud, dans leur entourage.

 

Les employeurs vantent des profils « compétents »

Du côté du département et de la métropole, dans une réponse écrite commune, on insiste sur la compétence des élus ainsi conservés. « Le parcours professionnel et politique [de] Danièle Brunet fait d’elle une excellente collaboratrice de cabinet, précisent les institutions. Sa connaissance du territoire, ses combats personnels, son engagement auprès de la gouvernance métropolitaine, sont des atouts essentiels recherchés pour n’importe quel collaborateur », pointent-elles pour l’une. La réponse poursuit : « Bruno Genzana et Maurice Rey font partie des élus les plus expérimentés et les plus compétents de ce territoire, pour avoir occupé des mandats électoraux dans la plupart des collectivités locales. Il est donc apparu tout naturel de leur confier des responsabilités au sein du cabinet. […] Ils mettent à profit leurs connaissances en matière d’éducation et de sécurité au profit des habitants du département avec un grand professionnalisme. »

Ces recrutements servent aussi à régler certains problèmes politiques sans trop froisser les intéressés et ainsi d’éviter toute interférence. En juin dernier, la mise en retrait électorale de Maurice Rey a ainsi permis à Martine Vassal de promouvoir Frédéric Collart, un de ses proches, qui a fait son entrée dans l’hémicycle départemental. Lors de la campagne des municipales, elle a présenté le professeur de cardiologie comme son premier adjoint en cas de victoire.

 

Sylvie Carrega, d’élue au CCAS de Marseille à salariée de celui de La Ciotat

Hors du giron du département, l’ex-vice-présidente Sylvie Carrega a, elle aussi, trouvé un point de chute au Centre communal d’action sociale (CCAS) de La Ciotat. En un an, l’élue a perdu son poste d’adjointe au maire de Marseille et, n’a pas été reconduite par le parti Les Républicains, son siège auprès de Martine Vassal. Elle occupe un poste de chargée de mission avec un objet très proche de ses anciennes activités.

« On a cherché quelqu’un qui avait les compétences et le réseau nécessaire pour trouver des subventions. On a lancé une offre, le cabinet de la mairie de La Ciotat nous a proposé le nom de madame Carrega, raconte le vice-président du CCAS et premier adjoint à la mairie Alexandre Doriol. Elle connaissait les portes ouvertes, elle pouvait encore les avoir. Elle est en CDD pour une période de six mois. Elle travaille, elle est assidue, elle est engagée. On verra au bout de six mois si elle a les résultats escomptés. » Ancienne vice-présidente du CCAS de Marseille, Sylvie Carrega avait été épinglée à deux reprises pour avoir profité de voyages au frais du CCAS. Une entorse qui ne dérange pas pour l’heure à La Ciotat : « Je l’ai appris quand les choses étaient déjà engagées. Ça n’est pas jugé. S’il y a un jugement, on en prendra acte », répond Alexandre Doriol qui dans quelques mois devra déterminer s’il donne un nouvel élan à la carrière de Sylvie Carrega dans les institutions publiques.

 

Jean-Marie Leforestier