Ça existe encore ce truc ?
On connaît la propension des réseaux sociaux à exacerber les frustrations et à « normaliser » la haine. Notre équipe ne fut donc pas spécialement étonnée de découvrir ce commentaire, « Ça existe encore ce truc ? », sous la publication annonçant la sortie du précédent numéro de Ventilo. Mais, en faisant abstraction de son animosité, force est de reconnaître que la question n’est pas dénuée de sens. Car oui, ça existe encore, ce « truc ». Et ça fête même ses vingt ans !
Un anniversaire que l’on n’aurait jamais vraiment pensé commémorer, à vrai dire… D’autant plus quand on connaît notre histoire, commencée dans la fougue mais aussi le dénuement, et poursuivie sans relâche alors que la presse papier était, toujours plus chaque année, vouée à disparaître.
Il y a vingt ans, donc, dans la foulée de la disparition du premier citynews français, Taktik, une poignée d’irréductibles « licenciés de frais » décidaient de lui donner un successeur. Et alors que les tours jumelles se retrouvaient à « Ground Zero », nous préparions le numéro zéro de Ventilo, avec de grandes ambitions mais des moyens de fortune.
Pendant vingt ans, nous avons traîné nos guêtres aux quatre coins de la ville, parfois en transit entre deux locaux ou campant dans nos appartements, préfigurant ce télétravail qui allait devenir le lot de tous. Nous avons résisté au froid, aux lieux insalubres, à des bouclages éprouvants, aux nuits blanches, à la tentation du publi-rédactionnel, et même au Covid.
Mais nous avons aussi fait des tas de rencontres, découvert une flopée d’artistes et de lieux, ri, pleuré, débattu, usé une dizaine de commerciaux, fatigué une centaine de pigistes, avalé nombre de couleuvres et brassé beaucoup d’air.
Alors que beaucoup n’auraient pas misé une cacahuète sur la pérennité du journal, le pari semble rempli. Ventilo est devenu un guide utile (et toujours gratuit) pour explorer la vie culturelle de Marseille et de ses alentours, décliné en version papier, web et application.
Pour célébrer cet anniversaire comme il se doit, rendez-vous est pris le 10 mars au Daki Ling, qui fête lui aussi ses vingt ans, en compagnie de Tropicold !
Quelques heures de danse et d’insouciance, debout et sans masque, quelques heures pour se rassembler, quelques heures pour oublier que le fond de l’air effraie.
La rédaction