Après le premier tour de la présidentielle, des députés marcheurs marseillais en difficulté
Trois des quatre députés de la majorité présidentielle sortante doivent faire face à une forte poussée du vote Mélenchon dans leur circonscription. En projetant les résultats de la présidentielle, Marsactu vous livre les clefs des élections législatives à Marseille.
C’est un exercice entre l’expertise électorale et la politique-fiction. Il se pratique dans tous les camps. Calculatrice en main pour les plus anciens, ordinateur bien calibré pour d’autres, les résultats du premier tour de la présidentielle sont bien vite décalqués sur les circonscriptions législatives. Chacun cherche à mesurer ses chances et donc son niveau de départ.
Les projections restent périlleuses. Le casting des candidats est loin d’être fixé et d’autres critères entrent en ligne de compte : vague de soutien à celui ou celle qui sera élu à la présidence de la République, équation personnelle pour les plus implantés, alliances, (très) hypothétique triangulaire… Sans jouer les Nostradamus, Marsactu s’est livré à cet exercice de transposition et essaie de dresser quelques pistes en vue du scrutin des 12 et 19 juin. Premier épisode avec les sept circonscriptions marseillaises avant de s’attaquer aux neuf autres du département ce mercredi.
Première circonscription : L’extrême-droite en bonne position
Sortant : Julien Ravier (LR)
Il faudra attendre de savoir comment les plaies de la division de la présidentielle se refermeront à l’extrême-droite. Il faudra aussi regarder si la dynamique de vote utile se poursuivra aux législatives. Toujours est-il que dans cette partie Est de la ville, le RN a réussi à conserver la première place malgré le bon score d’Éric Zemmour. Le parti devrait à nouveau présenter Franck Allisio, son nouveau chef de file départemental.
Dans cette circonscription ancrée à droite, la majorité présidentielle cherche un profil plutôt droitier. Les candidatures potentielles issues de LR ne manquent pas avec Didier Parakian, Bruno Gilles ou encore Sylvain Souvestre, le maire de secteur. Au cœur du dossier des procurations frauduleuses des municipales et inéligible depuis une décision du conseil d’État, le sortant LR Julien Ravier ne peut pas se représenter.
Deuxième circonscription : LREM en confort sur les terres de droite
Sortante : Claire Pitollat (LREM)
La députée sortante Claire Pitollat semble en bonne place pour conserver son poste dans cette circonscription littorale. Après avoir balayé le député (LR) historique Dominique Tian sur fond de vague macroniste en 2017, elle pourrait profiter de l’effondrement de la droite traditionnelle. La conseillère départementale du secteur Sabine Bernasconi, désignée par LR comme candidate, aura bien des difficultés à renverser la table.
Troisième circonscription : L’Extrême-droite plus haute qu’en 2017
Sortante : Alexandra Louis (LREM puis Agir)
Le coup était passé près en 2017. Avec 47,5 % des voix, Stéphane Ravier, alors maire des 13e et 14e arrondissements, avait échoué de peu à devenir député RN. Désormais soutien d’Éric Zemmour et toujours sénateur, il n’est pour l’heure pas candidat. Mais l’extrême droite, sur fond de chute de la droite, est en très bonne posture avec un total Le Pen + Zemmour à 38,8 %.
La gauche incarnée par Jean-Luc Mélenchon progresse et peut espérer cette fois atteindre un second tour quand Sarah Soilihi (alors LFI) était restée sur la troisième marche en 2017. Il faudra tout de même voir comment les deux partis de l’extrême droite réussiront à s’entendre. Une division ferait les affaires de la sortante Alexandra Louis ou des candidats de gauche, s’ils ne sont pas trop nombreux au premier tour.
Quatrième circonscription : à gauche oui, mais pour qui ?
Sortant : Jean-Luc Mélenchon (LFI)
Jean-Luc Mélenchon ne sera vraisemblablement pas candidat à sa succession dans cette circonscription du centre-ville considérée comme l’une des meilleures de France pour la gauche. Face à cet eldorado électoral, les candidats sont nombreux. La France insoumise pousse le directeur de campagne de la présidentielle et eurodéputé Manuel Bompard pour un nouveau parachutage.
Mais les composantes de la majorité municipale fourbissent elles aussi leurs armes avec notamment les candidatures en préparation de l’adjoint à l’économie Laurent Lhardit et de la cheffe de file locale de Génération.s alliée à EELV Capucine Edou. Enfin, le militant contre le mal-logement Kévin Vacher tentera de bousculer les partis traditionnels avec sa candidature « citoyenne ».
Cinquième circonscription : L’autre circo préférée de la gauche
Sortante : Cathy Racon-Bouzon (LREM)
Cathy Racon-Bouzon et LREM auront fort à faire s’ils veulent conserver cette circonscription à cheval sur les 4e, 5 e et 6 e arrondissements. Au fil des élections, la gauche améliore ses scores sur fond d’arrivée de nouvelles classes moyennes qui lui sont favorables. En 2017, le candidat LFI Hendrik Davi avait déjà récolté 48,5 % des voix au second tour en pleine vague macroniste. Son camp y croit fort cette fois.
Sixième circonscription : la droite macronisée
Sortant : Guy Teissier (LR)
Le combat fratricide aura-t-il lieu ? Parti de LR, le maire des 9e et 10e arrondissements Lionel Royer-Perreaut réfléchit encore à une candidature soutenue par la majorité présidentielle. Il y retrouverait Didier Réault (LR), président du parc des Calanques, qui peut compter sur le soutien du très implanté sortant, Guy Teissier, pour relever le drapeau de la droite tombé au sol. La marche paraît aujourd’hui très haute pour espérer succéder à son mentor. Face à eux, il faudra compter sur le RN d’Éléonore Bez, qui connaît bien cette circonscription, et un éventuel candidat Reconquête.
Septième circonscription : Si la gauche s’entend…
Sortant : Saïd Ahamada (LREM)
Longtemps, Jean-Marc Coppola et le PCF en ont voulu à LFI et Jean-Luc Mélenchon. Faute d’alliance de premier tour entre les deux partis en 2017, LREM s’était faufilée au second tour pour l’emporter face au RN. La partie paraît cette fois encore plus compliquée. Jean-Luc Mélenchon y atteint la majorité absolue au premier tour. Seul un éparpillement très marqué des voix de gauche pourrait à ce stade permettre au camp du président sortant de garder ce territoire des quartiers Nord.
Jean-Marie Leforestier
Graphiques : Marie Lagache • Source : ministère de l’Intérieur