Reprise de la quinzaine des réalisateurs à l’Alhambra
Douze à la Quinzaine
Depuis quelques années, l’Alhambra se fait l’écho de la programmation cannoise, en diffusant une partie des films piochés dans la sélection toujours passionnante de la Quinzaine des Réalisateurs.
On s’en souvient : Mai 68 fut une année rude pour le Festival de Cannes, houspillé par les revendications et la fougue des cinéastes prenant fait et cause pour les luttes étudiantes, sur fond de renvoi d’Henri Langlois. Ce fut cependant l’année où fut créée par la Société des Réalisateurs de Films ce qui allait devenir l’un des principaux attraits de ce rendez-vous international du cinéma, la Quinzaine des Réalisateurs. Alors que la sélection officielle reste le crédit « paillettes » du Festival, les plus belles découvertes se font aujourd’hui dans cette section parallèle. En partenariat avec une poignée de salles hexagonales, dont l’Alhambra à Marseille, les organisateurs offrent l’occasion, une fois le Festival achevé, de découvrir une partie des œuvres sélectionnées, soit une douzaine de films de diverses nationalités. A commencer par le Mexique, représenté cette année par Natalia Almada et son El velador (Le veilleur de nuit). Le cinéma mexicain contemporain a cette particularité de développer un style aux antipodes de la représentation qu’offre parfois le pays. El velador vient rejoindre la cohorte de films sortis ces dernières années, liés par une écriture épurée, un jeu d’acteurs presque minimaliste, une économie des dialogues et une formidable puissance des images. Il nous plonge dans l’univers de la narco-violence qui touche aujourd’hui l’ensemble du territoire, gangrenant profondément la société, en l’exprimant de manière immanente. Un film sur la violence, mais sans violence, nous annonce-t-on, filmé dans les méandres du terrible cimetière de Culiacan. L’un des évènements de cette rétrospective de la Quinzaine à Marseille reste cependant la présentation du dernier film de Jean-Jacques Jauffret, Après le Sud, projeté en sa présence, et coproduit par Néon, l’une des rares sociétés de production phocéennes. Ce drame moderne tourné dans le sud de la France réunit quatre destins chaotiques, quatre personnages profondément marqués par leur parcours de vie. Un opus qui vient une fois de plus prouver l’éclectisme et la liberté de ton de cette Quinzaine des Réalisateurs, présentant cette année de nombreux premiers longs-métrages (tous vont concourir à la très convoitée Caméra d’Or, qui récompense les premières œuvres), dont trois français. Ce sera le cas de Valérie Mrejen, cinéaste issue des arts plastiques, dont on découvrira le film En ville. Cette programmation se fera par ailleurs sous le haut patronage d’André Téchiné, qui y présente son dernier film, Impardonnables. Du Brésil à l’Italie, de la Bulgarie à la Belgique, le public marseillais aura ainsi l’occasion de découvrir, avant leur sortie salle, une douzaine d’œuvres qui feront l’actualité cinématographique de la rentrée.
Texte : Emmanuel Vigne
Photo : El velador
Reprise de la quinzaine des réalisateurs : du 24 au 29/05 à l’Alhambra (1 rue du Cinéma, 16e). Rens. 04 91 03 84 66 / www.alhambracine.com