C’est arrivé près de chez vous | UltraViolet
Impressionnant
Tout fraîchement installé en haut de la rue de la Grande Armée, à quelques mètres de Réformés, UltraViolet assemble tout son savoir-faire autour de la sérigraphie et de la risographie afin de partager ces procédés de création et d’impression avec le public. Un atelier de copains, résultat professionnel à la clé.
« Ce lieu de création pour nous, c’est l’opportunité de mettre en place en plus de nos pratiques artistiques respectives, un espace d’accueil, d’échange et d’initiation autour de ce que sont ces techniques d’impression », commence Sébastien. Avec Elsa, Arthur et Marion, ils se sont réunis comme collectif pour mutualiser leurs connaissances et les mettre au service de l’atelier. Les deux garçons sont amis de longue date. Ils ont commencé le graffiti ensemble, puis Arthur a découvert la sérigraphie après un cursus en arts appliqués. Coup de cœur, il décide de se former, et alors qu’il termine son CAP, Sébastien sort des Beaux-Arts de Marseille et lâche la peinture sur toile, pour aussitôt s’associer avec son copain et monter une maison d’édition de sérigraphie — PrysmEdition — il y a cinq ans. Elsa, alors diplômée de l’École de photographie à Arles, rejoint l’Atelier du Palais, monté par des amis, et apprend la risographie complètement par hasard, de manière empirique. « Quand on sort d’école d’art, on est souvent seul, et pour moi, il était hors de question de continuer ma pratique artistique en solitaire. Je sentais sincèrement cette volonté de créer du commun. J’ai rencontré Arthur et Sébastien à un salon d’édition à Arles et l’idée de monter un truc ensemble, en réunissant ces deux pratiques complémentaires, nous semblait super cohérent. » Quant à Marion, directrice artistique et graphiste, c’est le côté manuel qui lui semblait indispensable. « En création d’identité visuelle, on est souvent derrière un ordinateur, et c’était important pour moi de pouvoir gérer aussi le côté impression. Je me suis formée en sérigraphie artisanale à Lyon, et avec UltraViolet, l’intention d’encadrer des formations, des expositions ou tout autre format qui peut rendre la sérigraphie et la risographie plus accessible me plaît beaucoup. »
Avec un procédé d’impression couche par couche travaillé minutieusement, la sérigraphie utilise un écran spécifique sous forme de cadre qui dépose les couleurs les unes après les autres, comme un pochoir. Contrairement au numérique qui réplique un fichier, l’impression sérigraphique — parce qu’elle est plus artisanale — est plus noble. Elle implique la maîtrise de certains gestes techniques en plus de permettre un choix d’encre et de supports bien plus large. Le résultat ? Des couleurs super intenses, la possibilité d’imprimer en très grand, et une durabilité dans le temps exceptionnelle. La risographie est plus automatisée, idéale pour des impressions en série. Le dépôt d’encre, toujours couche par couche à partir d’un duplicopieur, se décale d’une impression à l’autre et donne en quelque sorte son charme à cette technique à moindre coût. Moins pigmentée, elle fait ressortir un certain grain qui permet aussi les jeux de transparence, et reste réservée au papier pour un plus petit format. Depuis une dizaine d’années, artistes et illustrateurs se sont emparés de ce média dans leurs travaux de graphisme. Marion attrape un petit ouvrage : « Sur un format type fanzine par exemple, on va pouvoir se servir des deux : la sérigraphie pour la couverture, pour un fini parfait et durable, et la risographie pour un certain nombre de pages, tout en permettant de travailler vraiment la couleur. »
Inauguré il y a tout juste deux mois, le lieu prend encore forme. Les grandes presses ont trouvé leur place dans les coins et le long des murs, l’ancienne chambre froide sert de salle d’eau pour nettoyer les cadres au karcher et la petite coursive à l’étage donne sur un espace bureau. « Avec PrysmEdition, on avait un autre local à la Blancarde, mais il y a eu un problème de travaux et le sol s’est effondré, raconte Arthur. Trouver un lieu pour une petite structure, c’est pas facile. En dehors de l’inflation et des agences qui ne sont pas vraiment de ton côté, il nous fallait un lieu en rez-de-chaussée, avec une grande entrée et un sol stable pour placer les machines. Mutualiser ensuite ce matériel pour le mettre au service d’autres personnes, c’est essentiel : on n’envisage pas de créer ici un atelier d’artistes, mais plutôt un état d’esprit commun autour de ces pratiques. » Elsa acquiesce, en rappelant que c’est aussi parce qu’ils avaient chacun leur réseau assez établi qu’ils ont pu franchir le cap. « On est tous admiratifs du travail des autres, et c’est un point non négligeable quand tu te lances dans une aventure à plusieurs. Cet engagement nous donne du courage dans notre travail je trouve. » C’est d’ailleurs ce qui fait la force d’UltraViolet : l’alchimie entre des amis artistes, qui en plus d’être imprimeurs pour tous, parviennent à éditer leur propre travail.
D’ici septembre, des sorties d’école ou de résidence habilleront les murs pour des expositions, et la pièce centrale pourra accueillir un petit nombre de personnes (et même des novices) pour s’essayer à ces jolies techniques. En attendant, n’hésitez pas à passer les voir au numéro 25 pour découvrir leur travail ou leur soumettre un projet ! Vous verrez, ces rayons-là sont pleins de bonnes ondes.
Hermine Roquet Montégon
UltraViolet : 25 rue de la Grande Armée, 1er.
Rens. : 06 01 46 28 94 / www.instagram.com/ultraviolet_marseille/