Sachez plastiques

Le Centre d’arts plastiques Fernand Léger de Port-de-Bouc fête ses dix ans. Au programme, une rétrospective anniversaire, une résidence, des conférences et toujours l’ambition de mettre l’art à la portée de tous.

Inauguré en 2012, le Centre d’arts plastiques a pris place dans l’ancienne demeure des patrons de l’Usine Saint-Gobain. Devenu propriété de la commune dans les années 60, le bâtiment voit de nombreuses initiatives à caractère culturel s’y développer. La volonté municipale relaye l’activisme de l’association Arts et Création qui, durant quarante ans, y proposera l’accueil de spectacles vivants et d’ateliers d’arts plastiques.

Tout en conservant la mémoire des lieux, le Centre d’arts modernise l’héritage du monde ouvrier, en articulant sa collection autour du thème du travail. L’objectif est triple : proposer une riche programmation d’expositions temporaires venant étoffer l’exposition permanente ; offrir un enseignement ouvert à tous avec une école d’art ; et enfin, accueillir des artistes en résidence.

C’est un pari réussi, avec notamment les enseignements (cours et stages) qui se sont étoffés au fil du temps des « Lundis de l’art », cycle de conférences annuelles en partenariat avec les écoles des Beaux-Arts d’Aix et de Marseille (à venir, d’ailleurs, un cycle sur le thème des Paysages d’hiver à partir d’octobre prochain) ; ou encore, au printemps, d’un salon de l’art contemporain : Hybrid’Art.

Mais c’est surtout une rétrospective d’envergure qui ornera les murs cet automne. Formées depuis plus de cinquante ans au gré de dons, de dépôts et de quelques achats, les collections de peintures, sculptures, photographies, archéologies, vidéo ou archives font à la fois preuve d’hétérogénéité, en termes de contenu et de qualité, mais également d’étonnantes cohérences thématiques. Depuis 2013, les collections se sont ainsi vues renforcées d’œuvres de la seconde moitié du XX^e siècle, correspondant à un ensemble dédié au monde du travail (Raymond Fraggi, Jean Amblard, Raymond Moralès), mais surtout d’arts contemporains (Daniel Clauzier, Patrick Raphael, Kévin Lapeyre, Jean-Christophe Béchet, Jeff Grimal, Karine Rougier, Florence Bernard…) par le biais des résidences du Centre d’arts. À noter que depuis 2017, le fonctionnement du Salon d’Art Contemporain de Port-de-Bouc Hybrid’Art prolonge la politique d’enrichissement et d’analyse de la collection locale.

L’exposition anniversaire des dix ans s’appuie sur un commissariat participatif d’habitants volontaires, initiés à l’art contemporain et au patrimoine local durant une année. Offrant aux visiteurs le panorama le plus exhaustif possible des formes d’art contemporain, Open, 10 ans de collection est un appel à l’ouverture à tous (artistes, professionnels comme amateurs) et joue avec l’espace, puisque le public pourra déambuler et (re)découvrir les œuvres hors du Centre. Elle donne à voir des œuvres d’artistes dont les interprétations de la ville sont aussi diversifiées que leurs techniques de restitution. Peintures, sculptures, dessins, performances… tous les médiums se conjuguent pour offrir une visite riche de sens autour de l’identité si particulière de Port-de-Bouc.

N’oublions pas l’installation d’Anaïs Lelièvre, mêlant origines et modernité. Cette artiste en résidence a réalisé une œuvre en extérieur, Coquilles 3, développant une pratique polymorphe : installation deimages numériques, productions autour du langage, sculptures-performances participatives, dessins et céramiques étendus à grande échelle et recomposant les temps, sa nouvelle installation s’inscrit en résonance de la résidence menée précédemment au Centre d’arts de Port-de-Bouc autour de principes d’éclatement et de rassemblement.

Pour aborder cette ville, construite et brisée par l’histoire enfouie des chantiers navals, son point d’entrée s’est fait par l’observation de concrétions de coquillages sur des amphores antiques, issues de fouilles archéologiques sous-marines. Ce prolongement après-coup repartira du dessin-matrice de ces coquilles pour faire apparaître une structure complexe, telle une micro-architecture, oscillant entre irruption et émergence, événement et prolongement… Le projet qui s’esquisse compose un volume architecturé d’une structure métallique et de panneaux translucides rétro-éclairés, préalablement imprimés de son dessin Concrétions de coquilles sur amphores archéologiques.

Cette nouvelle saison, pensée par et pour le public, s’ouvre donc sous les meilleurs auspices et suscitera à coup sûr l’intérêt de la population de Port-de-Bouc et d’ailleurs…

Amélie Falco

• Open, 10 ans de collection : du 16/09 au 10/11 au Centre d’arts Fernand Léger (1 avenue du Général De Gaulle, Port-de-Bouc). Rens. : www.centrefernandleger.com

• Vernissage et soirée spéciale le 16/09 à partir de 18h30.

• Portes ouvertes, ateliers collectifs, performances et concerts le 17/09 à partir de 16h pour les 10 ans du Centre d’arts, dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine.