Millefeuille | La rentrée littéraire des éditions Hors d’atteinte
Point sur la ligne
À l’occasion de cette rentrée littéraire, nous rencontrons Marie Hermann dans les locaux de la maison d’édition Hors d’atteinte. Une occasion de discuter avec elle de ses dernières parutions, mais aussi des événements planifiés dans la région. Petit tour d’horizon.
Un premier article dans le journal (Cf. Ventilo n°423) nous avait permis de définir la ligne éditoriale de cette jeune maison d’édition créée en 2018. Chercher à publier des voi(e)x différentes, des parcours ou des expériences peu ou pas représentés sur la scène littéraire, Hors d’atteinte affiche toujours cette propension pour les formes hybrides oscillant entre la fiction et la non-fiction, ces documents fictionnalisés, car le tout réside dans la force de l’imaginaire déployé autour du réel. L’analyse du monde qui nous entoure à travers la littérature s’affirme cependant dans la volonté nouvelle de se détourner de la tentation d’un cynisme qui obstrue les pensées.
Afin de mener à bien ce vaste projet, le catalogue s’étoffe de deux nouveaux romans. Laisse tomber la nuit d’Agnès Mascarou nous conte l’histoire d’amour entre une jeune adulte étudiante en danse classique et Adore, qui s’ouvre progressivement au monde du drag-queen. Ensemble, ils vont apprendre à remettre en question des conceptions séculaires du lien affectif qui les poursuit. Un premier roman comme un hymne à la jeunesse dans un Paris contemporain, nocturne et tournoyant.
Émilie Tôn, dans Rêve d’or et d’acier, rend hommage au périple de son père fuyant le Vietnam, réfugié en Lorraine. Elle dresse un portrait d’un homme étonnamment volubile, au cœur d’un récit sur plusieurs plans où se mêlent un travail de recherche minutieux et la mise en scène d’un duo père-fille confrontés soudainement à leurs écarts d’expérience.
Le 15 novembre à l’Alcazar, Louise Morel viendra présenter son livre Comment devenir lesbienne en dix étapes, sorti en mai dernier. Un titre facétieux qui s’interroge plus largement sur l’identité sexuelle de la femme, qu’elle présente non pas comme une chose profonde et immuable mais plutôt fluide et changeante, empruntant aux codes du développement personnel qu’elle présente sous un nouveau jour.
À paraître, le premier tome de l’anthologie Autrices : ces grandes effacées qui ont fait la littérature (du Moyen âge au XVIIe siècle), ou ce manuel « d’anti management », Le Syndrome du patron de gauche, écrit par Arthur Brault-Moreau, qui nous propose d’analyser ce phénomène dans ce qu’il a de structurel, mais nous offre également toute une série d’objets de réflexion autour de la notion de hiérarchie.
Enfin, une collection d’entretien regroupe les témoignages de femmes qui ont choisi délibérément la violence comme démarche à suivre. Dans des contextes temporels et politiques variables, On ne va pas y aller avec des fleurs intègre, le temps d’un instant, Action Directe, les Black blocks, les Brigades Rouges, ou bien différents groupes armés du Kurdistan à travers les mots de celles à qui on ne donne habituellement pas la parole.
En résidence à la Marelle pour quelques mois pour l’écriture de son ouvrage Pour Suzanne, l’autrice Nina Almberg animera de son côté un arpentage à Istres et à Marseille, autour des livres qui ont marqué sa vie d’autrice. Enfin, ne ratez pas l’événement J’crains dégun, organisé le 25 novembre dans plusieurs lieux de la cité phocéenne, en partenariat avec des collectifs et des associations marseillaises féministes contre les violences sexistes et sexuelles. Une preuve supplémentaire que cette maison d’édition ne se contente pas uniquement de représenter un large pan de cette société invisible, mais également d’aller au-devant d’elle.
Laura Legeay
Rens. : www.horsdatteinte.org