Bâtiment © Sebcom

Sur les pavés le rock | Bâtiment ? C’est du béton !

Comme disait Camus, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur de ce monde ». Le choix du nom pour un groupe, au même titre que le difficile exercice qui consiste à trouver la bonne étiquette pour le catégoriser, est une tâche périlleuse. Au point que le sujet est quasi tabou. Ou un poil bateau. Il faut quelques bières dans le gosier pour oser le classique : « Et sinon, votre nom, ça veut dire quoi ? » À sa manière, le trio rigolard grindcore Grusterror s’en était amusé en pondant des stickers avec une version illisible de leur nom et ce slogan : « Si vous réussissez à lire le nom d’un groupe de metal, c’est pas un groupe de metal » ! Au-delà, il est des formations dont le patronyme est si alambiqué qu’on ne les croise guère que dans des lieux interlopes comme l’Embobineuse. On regrette d’ailleurs que le groupe Schleu n’ait pas encore fait de t-shirt, le duo Boucan de layettes. Ou qu’un programmateur malicieux n’ait pas encore programmé le même soir Ventre de Biche, Biche Pratique et Pied de Biche ! Mais, heureusement, pour l’articlier en mal de superlatif et d’imagination, il est des formations dont le nom est, à lui seul, du pain bénit. Comme le groupe noisy Bâtiment. Une copine nous demande si on les connaît et ce que l’on en pense : « Bâtiment ? C’est du solide ! Du béton ! » Oui, c’est pas fin. Mais c’est, en l’occurrence, parfaitement approprié. Même si, fin mars, lorsqu’ils ont joué au LAM, ils ont un peu souffert de passer juste après un trio de noise expérimental énorme, Toru, qui nous a retourné le cerveau et les tympans ! Toutefois, en passant non loin de la rue d’Aubagne, on s’est dit que nos musiciens, eux, avaient la chance d’avoir de solides fondations. À se laisser guider uniquement par les blazes des groupes, on serait bien retourné voir les vétérans du punk marseillais, Jean-Michelle Tarre et Leonard Kotik. Mais on a préféré descendre à la Salle Gueule pour découvrir un groupe toulousain aussi impressionnant qu’inventif : Nuit bleue. L’idéal pour attaquer un week-end de nuits blanches !

 

Sébastien Boistel

 

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