Magnificences de Coline Casse & Camilla Doumé
En plein quartier des galeries d’Aix, rue Jaubert exactement, s’en trouve une qui toque à l’œil. Ars Longa, avec son nom emprunté à la formule hippocratique qui balance « l’art long » contre la « vie brève », a ouvert grand sa porte et large vitrine ferrée il y a un peu plus de trois ans. S’attelant au soutien à la création émergente aussi bien qu’à la pratique plus éprouvée, son programme est composite, bien cadencé et pour sa forte majorité, du cru. Depuis quelques jours, ce sont justement deux artistes passées par les Beaux-Arts de Marseille qui y sont exposées : Camilla Doumé, qui fait de ses toiles des supports textiles et vivement peinturés, et Coline Casse, qui éclaire ses peintures avec des techniques lumières dignes du grand cinéma. Assumant son rendu un brin psychédélique entre le bariolé de Jean-Michel Basquiat et l’utilisation du fil pictural à la plus contemporaine Ghada Amer, Camilla Doumé réveille le néo-expressionnisme des brûlants sujets de société avec un Avortement ou une Introspection plus qu’explicites ; plus intimes, mais pas moins politiques, son Bad Mood ou son Androgyne. Tout en se tenant loin des truismes, elle travaille des motifs culturels qu’on dirait souterrains dans notre contexte dominant, comme encore avec sa représentation de la déesse vodoun Mami Wata, une femme noire puissante, sirène et reptilienne. Son univers chimérique s’accole avec la plus figurative Coline Casse, déjà repérée dans le coin, notamment à feu Buropolis. Ses sujets, seuls en toile dans des décors dépouillés, évoluent dans leurs cadrages larges aux atmosphères intenses, et renvoient à de nombreuses références artistiques. Bref, une double combinaison dont les compositions valent largement l’expérience.
MD