Irréductibles beautés, Volet 2 au Centre d’Art Polaris
L’académie des meufs
Après un premier volet très réussi, le Centre d’Art Polaris poursuit son questionnement sur le féminin dans l’art autour de ses Irréductibles beautés. Au-delà des incontournables Orlan et Niki de Saint-Phalle, c’est un tour du globe de la création contemporaine féminine qui nous est proposé.
Mesurer son pas, voilà le premier réflexe lorsque l’on entre dans ce Volet 2 des Irréductibles beautés. Ce ne sont pas moins de deux cents plaques de métal, aux allures militaires, qui forment un gigantesque cercle sur le sol. L’installation de Fanny Durand donne à voir deux cents noms de femmes ayant combattu pour leurs droits et leur liberté. Au même moment, une performance débute. Anne Monteil-Bauer, fondatrice de l’association Si/Si les femmes existent, trône au milieu d’un décor domestique à la blancheur étouffante. Elle nous invite à piocher un nom, entre illustres inconnues et gloires internationales. Et voilà leurs biographies narrées sous nos yeux. Aux femmes artistes injustement balayées par l’histoire, cette exposition redonne de la voix.
Un autre thème se décline, celui de la femme guerrière. Se répondent alors l’installation de Milena Massardier, qui présente une élégante parure médiévale au buste bien ajusté, et celle de Fanny Durand, Riot control, un ensemble sagement aligné de casques et boucliers anti-émeutes. Et avec le délicat assemblage de Rina Banerjee en autant de trophées de guerre soigneusement amassés, le mythe de l’Amazone n’est jamais loin. Non loin de là, c’est une Marianne tenant haut le glaive que nous découvrons, la Marianne is a transfeminist d’Andrea Bowers…
À découvrir également, d’étonnantes panacées, des têtes de madone en savon de Marseille, et un coup de cœur pour un hypnotique nu de la franco-américaine Ghada Amer, tandis qu’un assemblage aux mille couleurs, en soutien aux femmes du Burkina Faso, rappelle que l’art au féminin se décline aussi sur le continent africain.
La deuxième salle offre une réflexion plus remuante, entre poses d’inspiration bondage à travers les femmes morcelées et robotisées de France Cadet, et séance filmée de hula hoop en fil barbelé de Sigalit Landau. C’est aussi là l’occasion de découvrir ou redécouvrir une œuvre d’ORLAN, Self-hybridation entre femmes, un détonant portrait à l’heure de la folie du selfie. Alors, un simple dessin au marqueur et stylo bille interpelle : sous le trait faussement enfantin de Béatrice Cussol se dévoile une femme ensanglantée, lardée de coups de couteaux… mais d’où jaillit un arc-en-ciel ! L’irrévérence n’est jamais loin. Enfin, la série Simple dame met un point final à cette déambulation dans la création des femmes d’aujourd’hui, avec dix dessins tels des points d’ancrage de l’histoire du féminisme moderne, des suffragettes à Jane Fonda. Preuve avec cette riche exposition qu’être une femme artiste aujourd’hui n’a pas fini d’inspirer et de questionner.
Amélie Falco
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Irréductibles beautés, Volet 2, jusqu’au 14/06 au Centre d’Art Polaris (Forum des Carmes, Istres).
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Rencontre et performance avec Fanny Durand, les 14 et 15/05.
Rens. : 04 42 55 17 10 / www.ouestprovence.fr
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