Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne 2011
Orange amère
Programmation généreuse, regards sur le monde et ambiance familiale sont les ingrédients du vingt-troisième épisode du Festival Cinématographique d’Automne de Gardanne, qui accueille dans la cité minière cinéphiles avertis et curieux de tous poils.
Comptant parmi les vétérans des évènements cinématographiques régionaux, le Festival d’Automne de Gardanne attaque cette nouvelle édition avec les recettes qui ont contribué à son succès : une sélection importante de longs-métrages internationaux accessibles à tous publics. Il importe moins ici de dénicher la perle rare inconnue de tous que de permettre au spectateur d’embrasser, en une dizaine de jours, l’essentiel de la production cinématographique récente ou à venir. Une grande séance de rattrapage, en quelque sorte, le tout dans une ambiance bon enfant, jamais élitiste. Comme nous l’avons déjà fait dans ces colonnes, on peut toujours s’interroger sur la pertinence de réunir un jury pour récompenser un florilège de réalisateurs déjà très en vue dans les grands festivals internationaux (Marjane Satrapi, Nuri Bilge Ceylan, Radu Mihaileanu…), si ce n’est le plaisir de croiser au hasard des projections les personnalités présentes cette année, du raffiné Emmanuel Mouret à Christian Rouaud, réalisateur du fameux Lip, l’imagination au pouvoir. Dans la sélection des avant-premières en compétition, l’équipe du Festival d’Automne ratisse large et loin, nous permettant de découvrir l’essentiel des œuvres qui feront l’actualité des semaines à venir, du dernier Mouret, justement (L’art d’aimer), au Philippe Lioret (Toutes nos envies), en passant par le nouveau film de l’excellent Turc Nuri Bilge Ceylan (Il était une fois en Anatolie) ou encore celui du Canadien Denis Côté (Curling), dont on se souvient de l’étonnant Nos vies privées. Au rayon panorama, l’un des grands classiques du Festival, citons en vrac le très efficace Animal Kingdom de David Michôd, l’inégal mais attachant Cochon de Gaza de Sylvain Estibal ou La fée, de l’infernal trio belge Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy. Sans oublier l’inépuisable Faîtes le mur de Banksy ou l’injustement boudé Sound of Noise d’Ola Simonsson. Les sélections parallèles créent la surprise, avec entre autres un très bel hommage au cinéma iranien, riche d’une dizaine de longs passionnants, dont trois films de Jafar Panahi, cinéaste injustement bâillonné par le pouvoir en place, ainsi que les principaux opus d’Asghar Farhadi, dont A propos d’Elly et Une séparation restent dans toutes les mémoires. Une édition sous le signe de la lutte, donc, avec en ouverture le dernier brûlot de Christian Rouaud, Tous au Larzac, qui donne le ton de la manifestation.
Emmanuel Vigne
Jusqu’au 1/11 au Cinéma 3 Casino (11 Cours Forbin, Gardanne). Rens. 08 92 68 03 42 / www.cinema-gardanne.fr